La Bête et Bethany
« La Bête et Bethany » de Jack Meggitt-Phillips, illustrations d’Isabelle Follath, éditions Bayard jeunesse
Résumé : Ebenezer vit depuis plus de 500 ans avec un monstre horrible qui sent le chou bouilli, mais lui donne tout ce qu’il veut, dont une potion d’éternité, en échange de nourriture. Mais un jour, la Bête lui réclame un plat original, un enfant bien dodu ! Ebenezer est horrifié, mais part en quête de l’enfant le plus détestable possible. Et il va rencontrer Bethany, une fille au fort caractère…
Mon avis : Nous voici dans l’automne où les nuits commencent à empiéter sur les jours, et cachent des ombres menaçantes. Et ce roman proposé par Babelio et les éditions Bayard, que je remercie pour l'envoi, tombe à pic en cette saison.
Rien que la couverture nous donne un avant-goût de ce qui attend le lecteur qui osera ouvrir ce livre, et tomber face à un monstre puant et hideux.
Le monstre, ou plutôt la Bête, vit au dernier étage de la maison d’Ebenezer, et peut manger les mets les plus exotiques ou impossibles, qu’Ebenezer lui fournit, car elle a un pouvoir magique, qui lui permet de faire sortir de sa gueule tout ce qu’il désire, et surtout la potion de vie éternelle. Tout va bien entre Ebenezer et la Bête depuis des centaines d’années, 511 ans pour être précis.
Ebenezer vit une vie de rêve, et parcourt parfois le monde en quête de nourriture rare et insolite pour la Bête : ours polaire, meuble rare, ou perroquet chantant. Mais un jour la Bête exige de goûter à un enfant.
Ebenezer est horrifié de la demande, essaye de refuser, mais il a besoin de sa potion de jeunesse. Alors il part en quête d’un enfant, mais c’est plus difficile à attraper que prévu, car il y a toujours des parents avec eux. Il va alors se rendre dans un orphelinat, où il va rencontrer l’enfant parfaite, suffisamment détestable pour qu’il ne regrette pas de la donner à manger : Bethany, qui refuse une bonne éducation, vole, fait des bêtises, est insolente…
Mais Bethany a plus d’un tour dans son sac, elle trouve la Bête moche et grosse, et la Bête ne la trouve pas assez grosse.
Ebenezer a alors quelques jours pour la rendre dodue, alors qu’il sent le manque de la potion d’éternité, et se sent vieillir chaque jour. Et lui qui ne souhaitait qu’une chose, se débarrasser au plus vite de l’horripilante Bethany, va alors découvrir qu’il peut aussi s’attacher à elle malgré son mauvais caractère. Et Bethany va aussi découvrir un adulte différent des autres, qui pourrait bien la faire changer de comportement. Mais comment échapper à la Bête ?
Voici un roman que j’ai bien aimé, mêlant à la fois un humour pince sans rire à l’anglo-saxonne, une histoire de monstre horrible et puant à souhait, du fantastique, une jeune fille au caractère un peu trop bien trempé, un homme immortel qui va découvrir l’amitié et l’attachement, nous donnant une histoire originale, réjouissante, et effrayante à la fois.
Ce roman permet de réfléchir sur le pacte qu’on peut parfois nouer avec le diable, et l’illusion d’une vie rêvée, mais qui est payée chèrement. Car la Bête veut qu’Ebenezer ne soit attachée qu’à elle, et a un argument de poids avec sa potion d’éternité, pour que ce dernier lui obéisse, n’hésitant pas à faire tout ce qui est demandé. L’arrivée de Bethany va le faire sortir de sa zone de confort, et il va oser penser par lui-même, vivre vraiment sa vie avec les autres, et oser faire ses propres choix.
Et l’histoire se termine en laissant la porte ouverte vers un tome 2 prévu en 2023, qui se sera certainement tout aussi truculent !
Quelques extraits :
Une vie de rêve peut transformer quelqu’un en un affreux individu. Quelqu’un qui a tendance à oublier que beaucoup de gens ont des problèmes et n’éprouve finalement ni intérêt ni compassion pour les autres.
A chaque fois qu’il avait consenti à l’aider pour obtenir son élixir ou n’importe quel cadeau en échange, il avait commis un acte barbare
Excusez-vous pour les erreurs que vous avez commises et souvenez-vous des amis que vous avez perdus, mais laissez tomber les remords. Quand on s’attarde trop longtemps sur le passé, on oublie de vivre.