Des forêts, des arbres et des hommes
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« Des forêts, des arbres et des hommes » de André-Jean Guérin et Paul Mathis, éditions EDP Sciences
Merci aux éditions EDP Sciences et à Babelio et son opération Masse critique Non Fiction, qui m’ont permis de découvrir ce livre.
Sous prétexte de fiction, en donnant la parole à Pando, l’arbre peut-être le plus âgé du monde, ce livre est en fait un documentaire richement documenté scientifiquement, écrit par André-Jean Guérin, ingénieur des forêts, ancien membre du CESE (conseil économique social et environnemental), et président de l’association « A tree for you », et Paul Mathis, biophysicien, spécialiste de la photosynthèse.
Pando existe bien, et n’est pas vraiment un arbre unique, mais une colonie d’arbres, des peupliers faux trembles, qui se reproduit par le drageonnage, la reproduction se faisant par clonage, de nouvelles tiges se créant à partir des racines. Pando se trouve aux Etats-Unis, dans l’Utah, dans un parc protégé. Les scientifiques estiment qu’il pourrait avoir environ 80 000 ans, sa colonie est composée d’environ 47 000 troncs, et pourrait vivre encore longtemps, mais l’action de l’homme pourrait signer son arrêt de mort, entre les sécheresses, le raccourcissement des hivers, et l’absence de prédateurs naturels des herbivores, tués par l’homme, permettant aux herbivores de brouter les jeunes pousses de Pando, et ne lui permettant pas de se régénérer. C’est pour cela que les deux auteurs lui donnent la parole, celle-ci servant de prétexte à la présentation d’un contenu scientifique rigoureux et étayé de nombreuses sources.
Pando va ainsi présenter son histoire probable et ses caractéristiques, démontrer qu’humains, animaux et végétaux ont environ 25% de leur ADN en commun, les rendant plus proches qu’on n’aurait le penser de prime abord. Il explique aussi comment sont apparus les premiers végétaux, dont les arbres, leur lente évolution en fonction des écosystèmes, leurs liens avec les champignons via le système racinaire, le fonctionnement de la photosynthèse et la façon dont les arbres stockent le carbone. Puis Pando va consacrer plusieurs chapitres à l’arrivée de l’homme sur terre, son évolution, qui a progressivement impacté les écosystèmes, avec la culture de plantes au meilleur rendement, se nourrir de fruits et de graines, le déboisage intensif, en vue de construire des habitations, fabriquer des meubles, du papier, obtenir des terres cultivables, se chauffer ou cuisiner, construire des bateaux, laisser de la place pour les villes de plus en plus nombreuses et étendues, créer des routes pour la circulation… Ce faisant, l’action de l’homme a bouleversé les différents écosystèmes et le climat, les arbres n’étant plus assez nombreux sur la planète pour capter le CO2, permettre la formation de nuages de pluie, retenir l’eau et éviter les inondations.
La déforestation de l’Amazonie est un exemple de catastrophe annoncée, et sert de base pour le plaidoyer de Pando, qui propose de gérer autrement la planète et les forêts. Il faudrait planter des milliards d’arbres, en proposant des espèces diversifiées, gérer la forêt de façon durable en équilibrant les coupes et les plantations, et en ayant une vision à long terme. Mais les hommes pourront-ils se mettre d’accord sur la planète et agiront-ils avec conscience ?
Ce livre est destiné au grand public, et fait un état des lieux des différents systèmes souffrant de l’action humaine, mais certaines parties ont un contenu scientifique un peu ardu pour les néophytes comme moi. L’idée de donner la parole à Pando est une bonne idée, mais souvent il disparaît derrière le contenu scientifique et des références, rendant parfois sa parole un peu indigeste. Il aurait fallu un plus de fiction documentaire que de documentaire pur et dur pour que le livre soit adapté à tous.
Mais le contenu est très intéressant, et montre que l’humain va devoir agir très vite s’il veut encore espérer vivre sur notre belle planète. Le point de non-retour n’est pas loin, et tous les pays doivent en prendre conscience et se mobiliser rapidement, pour éviter le pire. Ils doivent s’entendre sur la gestion durable des forêts, la plantation massive d’arbres, et la limitation de l’utilisation des énergies fossiles.