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Des forêts, des arbres et des hommes

Publié le par Doc Bird

« Des forêts, des arbres et des hommes » de André-Jean Guérin et Paul Mathis, éditions EDP Sciences

Merci aux éditions EDP Sciences et à Babelio et son opération Masse critique Non Fiction, qui m’ont permis de découvrir ce livre.

Sous prétexte de fiction, en donnant la parole à Pando, l’arbre peut-être le plus âgé du monde, ce livre est en fait un documentaire richement documenté scientifiquement, écrit par André-Jean Guérin, ingénieur des forêts, ancien membre du CESE (conseil économique social et environnemental), et président de l’association « A tree for you », et Paul Mathis, biophysicien, spécialiste de la photosynthèse.

Pando existe bien, et n’est pas vraiment un arbre unique, mais une colonie d’arbres, des peupliers faux trembles, qui se reproduit par le drageonnage, la reproduction se faisant par clonage, de nouvelles tiges se créant à partir des racines. Pando se trouve aux Etats-Unis, dans l’Utah, dans un parc protégé. Les scientifiques estiment qu’il pourrait avoir environ 80 000 ans, sa colonie est composée d’environ 47 000 troncs, et pourrait vivre encore longtemps, mais l’action de l’homme pourrait signer son arrêt de mort, entre les sécheresses, le raccourcissement des hivers, et l’absence de prédateurs naturels des herbivores, tués par l’homme, permettant aux herbivores de brouter les jeunes pousses de Pando, et ne lui permettant pas de se régénérer. C’est pour cela que les deux auteurs lui donnent la parole, celle-ci servant de prétexte à la présentation d’un contenu scientifique rigoureux et étayé de nombreuses sources.

Pando va ainsi présenter son histoire probable et ses caractéristiques, démontrer qu’humains, animaux et végétaux ont environ 25% de leur ADN en commun, les rendant plus proches qu’on n’aurait le penser de prime abord. Il explique aussi comment sont apparus les premiers végétaux, dont les arbres, leur lente évolution en fonction des écosystèmes, leurs liens avec les champignons via le système racinaire, le fonctionnement de la photosynthèse et la façon dont les arbres stockent le carbone. Puis Pando va consacrer plusieurs chapitres à l’arrivée de l’homme sur terre, son évolution, qui a progressivement impacté les écosystèmes, avec la culture de plantes au meilleur rendement, se nourrir de fruits et de graines, le déboisage intensif, en vue de construire des habitations, fabriquer des meubles, du papier, obtenir des terres cultivables, se chauffer ou cuisiner, construire des bateaux, laisser de la place pour les villes de plus en plus nombreuses et étendues, créer des routes pour la circulation… Ce faisant, l’action de l’homme a bouleversé les différents écosystèmes et le climat, les arbres n’étant plus assez nombreux sur la planète pour capter le CO2, permettre la formation de nuages de pluie, retenir l’eau et éviter les inondations.

La déforestation de l’Amazonie est un exemple de catastrophe annoncée, et sert de base pour le plaidoyer de Pando, qui propose de gérer autrement la planète et les forêts. Il faudrait planter des milliards d’arbres, en proposant des espèces diversifiées, gérer la forêt de façon durable en équilibrant les coupes et les plantations, et en ayant une vision à long terme. Mais les hommes pourront-ils se mettre d’accord sur la planète et agiront-ils avec conscience ?

Ce livre est destiné au grand public, et fait un état des lieux des différents systèmes souffrant de l’action humaine, mais certaines parties ont un contenu scientifique un peu ardu pour les néophytes comme moi. L’idée de donner la parole à Pando est une bonne idée, mais souvent il disparaît derrière le contenu scientifique et des références, rendant parfois sa parole un peu indigeste. Il aurait fallu un plus de fiction documentaire que de documentaire pur et dur pour que le livre soit adapté à tous.

Mais le contenu est très intéressant, et montre que l’humain va devoir agir très vite s’il veut encore espérer vivre sur notre belle planète. Le point de non-retour n’est pas loin, et tous les pays doivent en prendre conscience et se mobiliser rapidement,  pour éviter le pire. Ils doivent s’entendre sur la gestion durable des forêts, la plantation massive d’arbres, et la limitation de l’utilisation des énergies fossiles.

Des forêts, des arbres et des hommes
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Les lotus d’or

Publié le par Doc Bird

« Les lotus d’or » de Jane Yang, éditions Charleston

J’ai reçu ce roman dans le cadre du Masse critique Littératures organisé par Babelio, que je remercie, ainsi que les éditions Charleston, que j’ai découvert à cette occasion. J’avais demandé ce titre, attirée par la couverture flamboyante et le résumé.

L’histoire se déroule en Chine au XIXème siècle, et présente le destin de deux femmes depuis leur enfance.

Dans une société hiérarchisée par beaucoup de règles et de traditions, Petite Fleur apprend depuis toute petite à bander ses pieds pour qu’ils deviennent des lotus d’or, de petits pieds lui permettant plus tard de pouvoir espérer un bon mariage, et donc une situation correcte.

Mais les aléas de la vie font que sa mère est obligée de la vendre pour pouvoir assurer leur survie et l’éducation de son frère. Elle va devenir muizai, une esclave au service d’une famille riche, les Fong. Sa mère lui fait promettre de toujours bander ses pieds, qui sont sa seule chance de pouvoir s’en sortir, d’obéir et d’être sage. Petite Fleur se retrouve attachée au service de Linjing, une petite fille gâtée qui est promise à un bon mariage, et qui impose à Petite Fleur ses caprices et ses désirs.

Petite Fleur va peu à peu voir ses rêves se déliter face à la dure réalité de sa condition, sa maîtresse étant égoïste, lui imposant des ordres douloureux comme celui d’arrêter de bander ses pieds, car elle doit elle-même garder ses pieds naturels, pour plaire à son futur mari, qui est contre les lotus d’or, et avance dans la modernité.

Petite Fleur trouve refuge dans sa passion pour la broderie, art dans lequel elle excelle, et qui rend jalouse Linjing. Elle a des idées novatrices qui rendent ses motifs et ses couleurs vivants, et la broderie est ce qui lui permet d’échapper à la dure réalité quotidienne, et de se sentir vivante et libre.

Linjing a peur de son futur mariage, notamment de sa belle-mère et de ses belles-sœurs, car elle sent que ces dernières croient en la vertu des lotus d’or, et pourraient lui mener la vie dure. Elle comprend rapidement que Petite Fleur, avec ses idées et son audace, pourrait être sa seule alliée sur place. Elle va alors tout faire pour que celle-ci la suive, sans écouter les envies de cette dernière…

Je n’en dis pas plus sur ce roman qui est une vraie fresque familiale, qui permet de découvrir le monde de la Chine à la fin du XIXème siècle, quand le pays commence à s’ouvrir à l’Occident, mais où les traditions sont toujours très fortes dans la société.

Seuls les hommes ont le droit d’aller et de venir, de faire des choix, alors que les femmes doivent rapidement trouver un mari convenable pouvant assurer leur subsistance, devant vivre une vie d’obéissance au mari et à la famille de celui-ci. Et dans une société où l’homme peut avoir plusieurs épouses, les rivalités et coups bas peuvent être féroces pour détrôner la première épouse, et donner un fils à la famille. Les femmes ne s’entraident pas, et la belle-mère peut régner sur ce petit monde en personne acariâtre, imposant sa douloureuse domination sur toutes les femmes de la maison de son fils. Les lotus d’or ont une valeur de vertu, et sont très recherchés, au prix de grandes souffrances physiques, et ces petits pieds contribuent à l’enfermement des femmes chez elles, car celles-ci ne peuvent faire que de petits pas et fatiguent vite. Les femmes n'ont pour seuls choix que le mariage, la vie en couvent, ou dans une communauté de sœurs chastes qui doivent travailler sur pour assurer leur subsistance. La notion de bonheur individuel n’existe pas, et les valeurs de la famille sont les plus importantes.  

Mais la Chine commence un peu à s’ouvrir au monde, notamment les britanniques, et la société commence une lente évolution. Cela fait que ce roman est aussi une vraie fresque féministe, montrant les inégalités entre hommes et femmes, et le combat de certaines femmes pour faire évoluer leur condition. Petite Fleur fait partie de ces femmes d’exception. Elle va devoir se battre face à un destin tout tracé d’esclave, privée de liberté, elle va devoir faire face à de nombreux coups du sort très douloureux, notamment à cause de la jalousie et de l’égoïsme de Linjing, et faire preuve de créativité et de résilience.

Les chapitres alternent d’ailleurs entre leurs deux voix, permettant au lecteur de s’immerger dans leur intériorité et leurs réflexions. Même si j’ai préféré le courage de Petite Fleur, souffert avec elle des revirements du destin qui semblent contrecarrer tous ses projets, j’ai quand même ressenti de l’empathie et de la pitié pour Linjing à certains moments, celle-ci cédant toujours à la peur, même si le plus souvent elle m’agaçait prodigieusement avec ses réflexes de petite-fille gâtée.

Chaque partie du roman semble être une étape douloureuse de plus pour nos deux héroïnes dont le destin est inextricablement lié. Seule la toute dernière partie m’a parue un peu trop romantique et à l’eau de rose, je l’ai hélas trouvée assez peu réaliste et plutôt hors-sol, même si cela permet à Petite Fleur de devenir une figure de résistance qui montre une ouverture possible.

Ce roman m’a permis de découvrir un pays et une société que je connaissais peu, notamment la tradition des pieds bandés, qui m’a horrifiée, car j’ai cherché sur Internet de plus amples informations, les photos que j’ai vues m’ont révulsée : c'est un véritable outil de domination masculine au prix d’une immense souffrance, avec les os cassés, et les gangrènes possibles. J’ai aussi découvert de l’intérieur le fonctionnement des familles, et la mise en rivalité des femmes pour toujours mieux les maintenir dans leur condition. Et ce roman a aussi attisé ma curiosité sur la broderie et les motifs de décoration orientaux.

Un titre qui allait vers le coup cœur, mais la fin m’a parue trop peu réaliste, même si elle permet d’avoir un peu d’espoir.

Les lotus d’or
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Le clan des Brumes 

Publié le par Doc Bird

« Le clan des Brumes » d’Antonio Pérez Henares, éditions Hervé Chopin

A la fin du Paléolithique, Œil Perçant grandit dans le clan des Brumes, et prend de plus en plus de distance avec les règles et rites qui rythment la vie du clan. Contrairement aux autres, il ne fait pas passer le clan avant tout, même s’il sait que sa survie dépend de celui-ci. Il est beaucoup plus indépendant et a de l’ambition. Orgueilleux, il décide de chasser tout seul un immense sanglier, espérant ainsi prouver sa force et sa bravoure, et pouvoir se rapprocher de Merlette, la guérisseuse, pour laquelle il est plein de désir.

J’avais déjà lu« Le chant du bison », qui était une superbe épopée initiatique, et j’ai tout de suite postulé pour ce titre lors du dernier Masse critique Littérature. Je remercie d’ailleurs Babelio et les éditions Hervé Chopin de me l’avoir envoyé.

Mais contrairement à ma précédente lecture, celle-ci m’a paru plus terne, j’ai trouvé qu’elle manquait de souffle et de voyages, et j’ai eu plus de mal à m’attacher au personnage principal, Œil Perçant, dont la personnalité trop égoïste m’a agaçée à certains moments, même s’il va commencer à évoluer en fin de récit.

Œil Perçant est un jeune homme assez égoïste, qui souhaite briller aux yeux de tous, quitte à se mettre en danger ou à mettre en danger les autres membres de son clan, et il ne pense qu’à « posséder » une femme, Merlette, la guérisseuse du clan.

J’ai trouvé que les scènes de sexe ne servaient pas vraiment l’intrigue, et que l’ensemble de l’histoire se déroulait à un ryhtme trop lent.

J’ai plus apprécié les moments de rencontre avec les autres clans, dont les mœurs diffèrent, et qui ont des innovations différentes, ainsi que la rencontre avec des femmes qui pratiquent encore le culte de la Déesse-mère, avant que les chamans sorciers hommes ne prennent définitivement l’avantage.

J’ai aussi aimé les réflexions et les questions que se pose Œil Perçant sur les étoiles et l’astronomie.  

La fin augure d’une suite, et le résumé nous dit qu’il s’agit d’un premier tome. A voir si la suite devient plus passionnante, à l’image de la fin de ce premier tome.

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 La porte du voyage sans retour

Publié le par Doc Bird

« La porte du voyage sans retour » de David Diop, éditions du Seuil

A la mort de son père, Aglaé va découvrir cachés dans un tiroir secret des carnets écrits par son père quelques temps avant sa mort. Elle va alors découvrir la deuxième passion de son père, en dehors de celle dévorante pour les plantes. Et le lecteur plonge alors avec elle dans le récit du séjour au Sénégal du naturaliste Michel Adanson.

J’ai mis un peu de temps à lire ce roman, car j’ai eu du mal à entrer dans le récit, notamment la première partie, alors que j’ai dévoré la seconde partie.

Le début se passe en France avec la mort de Michel Adanson, et sa fille qui accepte son héritage de botaniste et de naturaliste. Connaissant bien son père, et ayant renoué avec lui à la fin de sa vie, elle fait transporter toutes les affaires qu’il lui a léguées, et va faire preuve de curiosité face à un meuble, elle va alors découvrir dans une cachette d’un tiroir des carnets écrits par son père, revenant sur son voyage au Sénégal et son premier amour disparu. C’est à partir du moment où, penchée sur l’épaule d’Aglaé pour lire avec elle les mots tracés pas son père, je me suis enfin laissée transporter par l’histoire.

Dans les pas de Michel Adanson, j’ai découvert les enjeux politiques au Sénégal, assisté avec le fils d’un roi, Ndiak, à une magnifique cérémonie de mariage, et surtout été curieuse de trouver la mystérieuse Maram, objet de légendes, et que Michel souhaite rencontrer, car c’est la seule femme qui aurait réussi à s’échapper de l’esclavage. Sa rencontre avec elle sera foudroyante, et il va tomber irrémédiablement amoureux d’elle, mais leur rencontre va se faire sous le signe de la tragédie.

Autant j’ai eu du mal à me mettre dans la première partie, autant le récit des carnets m’a subjuguée, certes pour l’histoire d’amour, mais aussi et surtout par la description de la nature, des croyances sénégalaises sur son animal protecteur, les femmes guérisseuses, mais aussi hélas la méchanceté, l’avidité et la lâcheté humaine.

Un beau récit écrit avec cœur et poésie, s’appuyant sur des faits réels, car Michel Adanson a vraiment effectué un voyage au Sénégal, mais le reste, le plus puissant dans l’histoire, est fictif, empli de magie et de mystère, et ravit nos âmes.

Quelques extraits :

Mais loin de m’affliger, l’idée que je n’étais pas plus considérable qu’un grain de sable dans le désert, ou qu’une goutte d’eau dans l’océan m’exalta. Mon esprit avait le pouvoir de situer ma place, si infime soit-elle, dans ces immensités. La conscience de mes limites m’ouvrait l’infini. J’étais une poussière pensante capable d’intuitions sans bornes, aux dimensions de l’Univers.

Parfois, lorsque nous nous retournons sur notre passé et sur nos croyances anciennes, nous tombons en présence d’un inconnu. Cet inconnu ne l’est pas vraiment, car il s’agit de nous-même. Même s’il est toujours là, dans notre esprit, il nous échappe souvent. Et quand nous le retrouvons au détour d’un souvenir, nous reconsidérons cet autre nous-même, tantôt avec indulgence, tantôt avec colère, parfois avec tendresse, parfois avec effroi, juste avant qu’il ne se volatilise à nouveau.

C’est par ses mots tendres que Ma-Anta a soigné mes blessures invisibles car, me répétait-elle aussi, il faut être guéri soi-même avant de prétendre guérir les autres.

Grâce à l’art, nous arrivons parfois à entrouvrir une porte dérobée donnant sur la part la plus obscure de notre être, aussi noire que le fond d’un cachot. Et, une fois cette porte grande ouverte, les recoins de notre âme sont si bien éclairés par la lumière qu’elle laisse passer, qu’aucun mensonge sur nous-même ne trouve plus la moindre parcelle d’ombre où se réfugier, comme lorsque brille un soleil d’Afrique à son zénith. 

Publié dans Lecture-adultes

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Le mystère des trois cheminées

Publié le par Doc Bird

« Le mystère des trois cheminées » de Paul Genouville, en auto-édition

J’ai reçu ce livre suite à une proposition de l’auteur sur Babelio, et je le remercie pour l’envoi !

Le roman nous emmène dans une enquête policière qui débute à Paris, et se poursuivra en Suisse et en Italie. Le héros, surnommé Bobby, travaille comme ramoneur dans une entreprise de cheminée. De retour de vacances, il découvre un mot de son patron, monsieur Artipiac, lui annonçant qu’il part et reviendra dans huit jours. Bobby est étonné, son patron ayant une vie réglée comme une horloge, ne laissant pas de place à l’improvisation. Et il a raison car monsieur Artipiac ne revient pas. Accompagné du co-locataire des murs de l’entreprise de ramonage, Art, artiste peintre, Bobby se lance sur les traces de son patron, qui va l’emmener en quête d’un mystérieux livre maudit.  

Ce premier roman de Paul Genouville a un petit goût de récit hors du temps, car les différents personnages communiquent par lettre ou éventuellement par téléphone, et Internet ne semble pas encore arrivé.

L’enquête de Bobby va le mener à recherche d’indices sur ce qui a pu ariver à monsieur Artipiac qui a disparu et n’a plus donné signe de vie. Il va alors se lancer dans une recherche qui va lui faire remonter l’histoire, à la recherche d’une ancienne famille italienne et d’un mystérieux texte appelé « Les trois cheminées ».

Pour cela, il pourra compter sur le flegme britannique d’Art, qui prend le temps de réfléchir ou de laisser venir les idées, et sur les connaissances de Sylvia, une belle bibliothécaire dont il est tombé amoureux, et qui va lui permettre de faire des recherches dans des bibliothèques de conservation.

Plus on avance dans le récit, plus le lecteur se surprend à chercher avec Bobby à comprendre les indices retrouvés, et à percer les secrets de monsieur Artipiac.

Je pense que ce roman pourrait être qualifié de cosy mystery, tout se passant tranquillement dans le livre, avec des réflexions autour d’une bonne tasse de thé, dans une atmosphère feutrée.

Par-contre, j’ai trouvé que les personnages étaient trop lisses, presque trop gentils, et trouvant peu d’obstacles à leur enquête. Ne vous attendez pas à un côté sombre des personnages, il n’y aura pas non plus de volte-face en cours de récit. Les amours sont toutes très belles et sincères, avec un côté fleur-bleu qui peut presque parfois agacer.

La fin m’a laissé sur ma faim, car le lecteur n’en sait pas plus sur le texte original du livre recherché et ses mystérieux pouvoirs. Peut-être la phrase finale suggère-t-elle un second tome ? Ou est-ce un une intervention de l’auteur dans son propre récit ?

Un roman intéressant à lire pour le côté recherche d’indices et réflexion, et qui aura peut-être une suite ?

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Le chant du bison

Publié le par Doc Bird

« Le chant du bison » d’Antonio Pérez Henares, éditions J’ai lu

Chat-Huant est un petit garçon homo sapiens orphelin, isolé au sein de son clan, se faisant tout petit, et se débrouillant par lui-même pour trouver plus de nourriture que ce que les autres lui laissent. Un jour, un homme surnommé l’Errant arrive dans sa grotte, et le petit garçon le suit comme son ombre. L’Errant va de grotte en grotte et de clan en clan, et est respecté partout où il passe, car c’est un chaman aux grands pouvoirs, et il survit seul à ses voyages malgré les intempéries, les accidents possibles, ou les attaques de bêtes sauvages. Le jour où l’Errant repart sur les routes, Chat-Huant va l’accompagner, et le suivre dans son périple. Cela l’amènera à découvrir d’autres univers et cultures, rencontrer d’autres clans, et peu à peu devenir un adulte. Il va découvrir la mer, l’amour, la peur et le pouvoir.

Terre d’Ombre est un néandertalien à part des autres, car sa mère était une homo sapiens. Son physique et sa couleur de peau sont donc différents. Il doit donc apprendre à se faire sa place par la force dans son clan, où il va peu à peu gravir les échelons, et souhaite devenir chef. Il propose l’idée d’enlever des femmes homo sapiens, car il se rend compte que son clan dépérit, et qu’il y a de moins en moins d’enfants…

Le destin de ces deux hommes se croisera un jour….

Ce roman est une véritable plongée dans la Préhistoire, entre Espagne et France, avec l’épopée de deux personnages qui vont grandir et forger leur identité au cours du temps, dans deux groupes d’humains opposés : les homo sapiens et néandertaliens, avec des points communs mais aussi des différences.

Les néandertaliens s’appellent entre eux les premiers hommes, et ont été chassés au cours du temps de leur grotte par les peaux sombres, les homo sapiens. Ils vivent à part, ont des difficultés à passer l’hiver car les lunes de glace durent de plus en plus longtemps, et ils meurent parfois de faim ou mangent ceux d’entre eux qui sont morts pour survivre. Ils sont moins habiles de leurs mains, ont un corps plus massif et plus fort, et rencontrent des soucis de survie car de moins en moins d’enfants naissent, et peu survivent…

Les homo sapiens sont plus élancés, ont découvert l’usage du propulseur, et rencontrent les mêmes problèmes de survie l’hiver, qui commence de plus en plus tôt et dure de plus en plus longtemps, avec le phénomène de glaciation. Ils vivent au sein de clans, avec un chaman sorcier et une guérisseuse liée au culte de la mer, et leurs traditions les amènent à peindre dans les grottes.

Le roman montre en parallèle le destin deux garçons, qui tous deux sont orphelins, et vont évoluer différemment au cours de leur vie. Chat-Huant va prendre confiance en lui, prendre de l’assurance, et goûter aux joies du pouvoir qui va lui monter à la tête à certains moments. Terre d’Ombre, lui, va rapidement devenir un fin stratège et utiliser la ruse pour parvenir à ses fins. Et leurs routes vont finir par se croiser….

J’ai beaucoup apprécié ce titre, où l’auteur s’est appuyé sur des connaissances scientifiques et des œuvres de l’art pariétal retrouvées dans les grottes pour écrire son roman.

A certains moments, il s’affranchit des époques pour que cela colle mieux à son récit, mais cela est toujours précisé en note de bas de page.

Le destin de ces deux hommes est passionnant, ainsi que les découvertes faites au fur et à mesure du récit, avec par exemple l’existence d’un dessin pariétal d’un homme-baleine, unique au monde, les traditions chamaniques des peuples pour la chasse, la reproduction, les morts…

Ce roman est une véritable plongée dans une histoire à la fois lointaine et proche de nous, avec des éléments qui nous parlent et d’autres plus loin, comme le cannibalisme. Un titre passionnant à lire !

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Né d’aucune femme 

Publié le par Doc Bird

« Né d’aucune femme » de Franck Bouysse, éditions La manufacture de livres

Un curé, Gabriel, va entendre en confession une femme qui lui demande de récupérer sur le corps d’une femme morte qu’il doit bénir des cahiers, ceux de Rose.

Il va alors découvrir le destin d’une jeune fille de 14 ans qui va connaître un terrible destin. Vendue par son père qui a besoin d’argent, elle va devoir quitter sa mère et ses sœurs sans avoir pu leur dire adieu, et devoir suivre un homme devenu son maître. Elle va alors habiter non loin de la forge de son maître, cachée aux yeux de tous, et devant effectuer les diverses tâches ménagères auprès de son maître et de sa mère acâriatre. Mais elle est loin de se douter ce qui l’attend véritablement, arrachée aux siens, et pensant que sa famille l’a trahie et abandonnée. Ses seuls moments de joie sont ceux où Edmond, qui s’occupe des chevaux et du jardin, discute avec elle. Mais ce dernier la prévient aussi des risques de rester, et lui suggère de fuir.

Ce roman est un huis-clos horrible, où Rose se retrouve entre les mains d’une famille prête à tout pour réaliser ses desseins, et n’hésitant devant aucune bassesse et horreur. On comprend rapidement ce qui va arriver à Rose, mais je ne m’attendais pas du tout au tour sordide qu’allait prendre le récit.

L’espoir semble vraiment disparaître pour laisser place à la noirceur la plus absolue. La femme est reléguée au statut d’objet qui doit être sacrifiée sur l’autel de la famille, et seule la fin du récit laisse entrevoir une petite lueur d’espoir.

J’ai lu beaucoup d’avis très divers sur ce roman, c’est d’ailleurs pour cela que je n’avais pas commencé par ce roman pour découvrir cet auteur, et j’avoue que cette plongée dans l’horreur ne laisse pas indemne.

Un livre fort et poignant qui va rester gravé dans ma mémoire.

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La Compagnie des invasives

Publié le par Doc Bird

« La Compagnie des invasives » de Marianne Roussier du Lac, illustrations d’Alice C. Roussel, éditions Le Pommier

J’ai reçu ce livre dans le cadre du dernier Masse critique non-fiction, et je tiens à remercier Babelio et les éditions du Pommier pour son envoi.

Je pensais lire un documentaire présentant de façon scientifique les plantes invasives, et j’ai eu la surprise, et la joie, de découvrir un texte écrit de façon poétique, tout en conservant une rigueur scientifique. L’autrice est d’ailleurs à la fois agrégée de lettres et docteure en littérature, mais a aussi étudié la botanique et l’ethnobotanique, ce qui a permis l’écriture de ce livre qui explique pourquoi des plantes venues d’ailleurs ont commencé à envahir l’Europe, souvent par volonté de découverte et d’essai d’acclimatation de plantes dont la beauté était à la mode, et que ces mal-aimées ont finalement toute leur place, qu’elles se sont évertuées à prendre, dans nos écosystèmes.

Chaque chapitre met en avant une plante, avec son origine géographique, ses aventures pour venir en Europe, sa description botanique, et des explications qui démontrent que ces plantes dites invasives peuvent trouver leur place, et qu’elles se sont appropriées des endroits.

A rebours des discours scientifiques qui crient haut et fort à l’invasion des plantes exogènes, Marianne Roussier du Lac nous démontre que les espèces dites natives ne le sont pas toujours, et que l’action de l’homme sur son environnement existe depuis toujours. Comment alors décider de ce qui est originel ou pas ?

Avec ce livre, vous ne regarderez plus de la même façon le robinier faux-acacia, le buddleia, l’ailante, la renouée du Japon ou le figuier de Barbarie. Il se peut même que vous commenciez à les apprécier.

 

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L’analphabète qui savait compter 

Publié le par Doc Bird

« L’analphabète qui savait compter » de Jonas Jonasson, éditions Pocket

Voici un roman suédois, dans la veine du fakir et l’amoire Ikéa, qui emmène le lecteur dans une histoire complètement déjantée et allumée qui fait du bien à lire.

On y fait la rencontre de Nombeko, fille noire, orpheline et analphabète, qui vit dans un ghetto en Afrique du Sud, en plein Apartheid, qui s’occupe de nettoyer littéralement la merde des autres, et qui par le biais d’un destin malicieux, va se retrouver à travailler comme femme de ménage pour un ingénieur qui fabrique des bombes nucléaires, mais dont l’intelligence mathématique va permettre d’avancer dans les recherches.

Nombeko va vivre de rocamboleques aventures qui vont l’emmener en Suède avec une bombre nucléaire, où elle va rencontrer Holger, un suédois qui n’existe pas, dont le frère est persuadé depuis tout petit qu’il faut abolir la monarchie et tuer le roi de Suède.

L’ensemble est fou, mais parfois autant que l’actualité du monde qui nous entoure.

Une lecture jubilatoire qui fait rire et réfléchir, et qui va dérider votre quotidien !

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 Le secret de la manufacture des chaussettes inusables 

Publié le par Doc Bird

« Le secret de la manufacture des chaussettes inusables » de Annie Barrows, éditions 10/18

J’ai trouvé ce roman dans une boîte à livres dans ma ville, et cela m’a permis de faire une belle découverte.

L’histoire se passe en 1938 aux Etats-Unis. Layla Beck, fille de sénateur, refuse d’épouser l’homme que lui destine son père, et elle se retrouve alors à devoir travailler, car son père pense qu’elle doit découvrir ce qu’est la vraie vie et connaître la valeur du travail.

Dans un contexte de dépression, où il est difficile de trouver un emploi, Layla se retrouve embauchée par une agence du gouvernement qui l’envoie dans la petite ville de Macedonia où elle va avoir pour mission d’écrire un livre pour les 150 ans de la ville, en écoutant les différents témoignages des habitants, et en lisant les journaux de la bibliothèque.

Layla pense que ce travail va être terriblement ennuyeux, d’autant plus qu’elle arrive dans une ville où rien ne semble se passer. Mais elle loge chez une famille originale, les Romeyn, qui semble cacher des secrets, qui seraient liés à la manufacture des chaussettes de la ville. Layla va donc enquêter et ouvrir ses oreilles, tomber sous la charme du frère de sa logeuse, et découvrir des vérités bien enfouies.

Ce roman est écrit de manière chorale, avec trois narratrices, Layla bien sûr, mais aussi Jottie, sa logeuse, et Willa, la nièce de celle-ci.

J’ai bien aimé les moments où Willa racontait l’histoire de son point de vue, car elle comprend très vite qu’on lui cache des choses dans la famille, et se révèle d’une très grande sensibilité. Elle adore lire des livres pour les plus grands, adore se cacher, aime passionnément son père, et déteste vite Layla qui semble éprouver des sentiments pour lui. Elle adore aussi sa tante Jettie, qui donne de la stabilité à son monde, et veut tout faire pour qu’elle ne souffre pas.

Jettie, quant à elle, semble s’accommoder de sa vie de femme célibataire qui s’occupe de son frère Félix et de ses nièces, Willa et Bird, qui veut leur bonheur, et craint que le passé de la famille leur fasse du mal. Mais elle a aussi des moments de révolte, car elle aimerait aussi vivre sa vie et prendre sa liberté, mais le passé la rattrappe toujours.

Tout comme Willa et Layla, le lecteur comprend qu’il y a beaucoup de non-dits et de secrets dans la famille Romeyn, qui lui seront progressivement dévoilés, et il assiste également à une tranche de vie au cœur de l’Amérique profonde, où les gens qui se sentent importants racontent leur version de l’histoire de la fondation de leur ville, alors que la réalité est parfois beaucoup moins reluisante.

Un roman qui fait s’attacher aux personnages et à une petite ville où on fabrique des chaussettes mais où on cultive aussi des pommes. L’auteur, Annie Barrows, a précédemment écrit « Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates », que j’ai lu il y a fort longtemps, mais dont je garde un bon souvenir.

Publié dans Lecture-adultes

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