Toute la lumière que nous ne pouvons voir
« Toute la lumière que nous ne pouvons voir » d’Anthony Doerr, éditions Le livre de poche
Résumé : Deux destins vont se croiser en août 44 à Saint-Malo, celui de Marie-Laure, jeune fille aveugle réfugiée dans la ville, et celui de Werner, soldat allemand qui travaille sur les transmissions radios. Ce roman va raconter leur histoire jusqu’à cette date.
Mon avis : Coup de cœur pour ce roman, qui a reçu le prix Pulitzer 2015, et également choix des libraires 2017.
Le récit fait s’entrecroiser l’histoire de la jeunesse de Marie-Laure, qui vit à Paris, et dont le père travaille au Muséum d’histoire naturelle, et de Werner, jeune orphelin allemand qui vit avec sa sœur près des mines où leur père est mort, et qui montre beaucoup de curiosité et de dextérité dans le domaine de l’électricité et des circuits. Dès le début de l’histoire, on se doute que leurs destins vont se croiser dans la ville de Saint-Malo, en août 44, où ils vont se retrouver, et d’ailleurs des liens infimes vont les relier progressivement, notamment à travers la radio.
Marie-Laure devient aveugle très jeune, mais se bat malgré son handicap pour mener une vie la plus autonome possible, avec l’aide et l’amour de son père. Son travail dans le Muséum d’histoire naturelle de Paris va lui permettre d’entrer en contact avec le monde des fossiles, des oiseaux empaillés, des pierres rares, et sa rencontre avec les livres en braille de Jules Verne va lui permettre de s’évader vers des mondes sous-marins inconnus. Mais la guerre éclate, et Marie-Laure doit fuir Paris avec son père sur les routes de l’Exode, direction Saint-Malo, où vit un grand-oncle qui pourrait les héberger.
Werner vit à l’orphelinat des enfants de mineurs avec sa sœur Jutta. Il sait que son destin est tout tracé, mineur comme son père. Mais tout va changer quand il va être repéré par de hauts dignitaires nazis pour ses capacités à réparer des radios, et il va intégrer une école nazie qui forme de futurs soldats. Il va alors perdre son innocence.
L’auteur entremêle à la fois les récits de leurs jeunesses, et fait aussi des va et vient entre les années 30 et août 44, où on comprend que Marie-Laure et Werner pourraient peut-être se croiser. Avec des mots justes, sans misérabilisme, Anthony Doerr dresse le portrait d’une époque complexe, où chacun n’est pas forcément celui qu’il semble, avec les privations, la délation, mais aussi la résistance et la solidarité.
Et malgré la tristesse des événements, on en ressort avec l’espoir, l’impression que la noirceur des hommes ne peut pas effacer toute la lumière du monde, et avec le sentiment que les hommes sont bien peu de choses par rapport au temps et à l’immensité du monde. Et le roman monte également en intensité au fur et à mesure de l’avancée du récit, avec l’impression que nos héros sont comme des funambules sur un fil au-dessus de l’abîme. Et vous y rencontrerez aussi l’Océan de Flammes, qui a aussi peut-être son rôle à jouer, et qui est l’objet de la convoitise des hommes. Si vous en souhaitez en savoir plus, il ne vous reste plus qu’à vous plonger dans ce roman.
Un extrait :
notre atmosphère est une bibliothèque recueillant toutes les vies qui ont jamais été vécues, toutes les phrases jamais prononcées, les mots jamais transmis.