« Norlande » de Jérôme Leroy, éditions Syros, collection Rat noir.
Résumé : Par le biais d’un cahier où elle retranscrit ses pensées et dialogue avec son amie française, Emilie, Clara va faire revivre au lecteur l’horreur d’un attentat commis par un jeune homme sur l’île de Clamarnic. Très vite, on découvre que Clara est traumatisée depuis son arrivée, blessée, à la clinique. Ca fait des mois qu’elle y reste, le corps soigné, mais l’âme détruite. Elle se remémore certains bons moments passés en compagnie de sa mère, Ministre des Affaires Etrangères de Norlande, ou de son amie Emilie, sa correspondante française devenue son amie. Elle nous fait découvrir la Norlande, un pays simple et heureux, où la paix règne. Mais le nuage de l’extrême-droite et de l’intégrisme commence à se lever. En en prenant conscience, Clara va intégrer le Mouvement des jeunesses norlandaises pour la paix et va assister à son congrès annuel sur l’île de Clamarnic, où elle va découvrir l’horreur. Grâce à son cahier, Clara va peu à peu se reconstruire et accepter de faire face à l’horreur et à sa culpabilité : elle pense que c’est sa faute si les attentats et le massacre ont eu lieu.
Mon avis : Un ouvrage intense inspiré de la tragédie du 22 juillet 2011 sur l’île d’Utoya en Norvège. Ici, Jérôme Leroy nous fait découvrir de l’intérieur, par la voix de Clara, le massacre, mais transmet aussi un message de paix et un devoir d’agir et de faire attention : sous une apparence de paix extérieure, chaque pays est gangrené par la haine raciale, guidée par la peur de l’autre, et il faut que chacun y prête attention, afin que qu’elle ne devienne pas le quotidien. Il montre une Clara brisée de l’intérieur, loin de sa jeunesse insouciante, se sentant pour partie responsable du massacre pour avoir aimé l’auteur de ces massacres et surtout pour ne rien avoir vu venir. Un ouvrage fort qui donne une belle leçon sur la tolérance. En illustrant la couverture d’un arbre, que l’on peut supposer être l’yggdrasil, arbre symbolique qui fait tourner le monde selon la mythologie nordique, et symbole repris par l’extrême-droite de la Norlande, avec les racines dont sortent des coulées de sang, on peut imaginer « qu’il y a quelque chose de pourri en Norlande », reprenant la célèbre citation de Shakespeare, qu’aucune société ne peut vivre correctement si les bases et les fondations réclament le sang des autres. Un roman qui fait réfléchir, pour les 3° et les lycéens.