Résumé : A Plantasia, la boutique des sœurs Aurore et Lily, on peut trouver de magnifiques plantes et des plantes rares. Mais une plante spéciale attire la convoitise de deux frères prêts à tout pour s’en emparer…
Mon avis : Bienvenue dans l’univers magique des sœurs sorcières Aurore et Lily, qui tiennent la boutique de plantes depuis la mort de leurs parents. On y trouve toutes sortes de plantes classiques ou magiques, dont elles s’occupent avec amour et dévotion.
Aurore, l’aînée, est ordonnée et méticuleuse, et veille sur sa petite sœur Lily qui est plus fougueuse. Elles partent parfois rechercher des plantes rares en fonction des clients, ou vont sauver des plantes de la nature abîmées ou malades.
Un jour, deux frères, qui se font passer pour des journalistes, posent des questions sur leur boutique, et cachent leur motivation : trouver une plante magique capable de fabriquer de l’or et de les rendre riches. Jusque-là, ils ont trouvé des plantes leur permettant de créer des pierres précieuses, mais la plante s’étiole vite et les pierres ne restent pas précieuses longtemps. Et ils savent qu’à Plantasia, une plante magique pourrait les aider à réaliser leur rêve. Utilisant la ruse, et comptant sur leurs corbeaux, ils espionnent les sœurs pour pouvoir s’emparer de la plante qu’ils convoitent.
On ouvre cette BD comme un grimoire qui fourmille de détails, chaque case étant l’occasion d’admirer plein de détails, de nature et de plantes. J’ai suivi les aventures des deux sœurs en m’immergeant dans leur monde, en suivant leur quête de plantes, en rencontrant avec elles des personnages qui vont permettre à Lily de grandir et de mûrir, d’apprendre à faire face à ses peurs et à ses angoisses, à oser agir.
C’est une belle découverte que cette BD, dans un monde magique, et une belle ode à la protection de la nature et des hommes.
Merci à Babelio et aux éditions Sarbacane pour l'envoi de cette BD lors du Masse critique graphique.
Quelques extraits :
C’est pour ça que ce que nous faisons est important, Lily. Des petits gestes mais qui sauvent parfois la vie ! Pour nos clients, ce ne sont pas que des fleurs, ce sont des pétales de bonheur.
Bien sûr que si, ma chauve-souris, j’ai tout le temps peur, mais il faut continuer d’avancer, doucement.
« Des forêts, des arbres et des hommes» de André-Jean Guérin et Paul Mathis, éditions EDP Sciences
Merci aux éditions EDP Sciences et à Babelio et son opération Masse critique Non Fiction, qui m’ont permis de découvrir ce livre.
Sous prétexte de fiction, en donnant la parole à Pando, l’arbre peut-être le plus âgé du monde, ce livre est en fait un documentaire richement documenté scientifiquement, écrit par André-Jean Guérin, ingénieur des forêts, ancien membre du CESE (conseil économique social et environnemental), et président de l’association « A tree for you », et Paul Mathis, biophysicien, spécialiste de la photosynthèse.
Pando existe bien, et n’est pas vraiment un arbre unique, mais une colonie d’arbres, des peupliers faux trembles, qui se reproduit par le drageonnage, la reproduction se faisant par clonage, de nouvelles tiges se créant à partir des racines. Pando se trouve aux Etats-Unis, dans l’Utah, dans un parc protégé. Les scientifiques estiment qu’il pourrait avoir environ 80 000 ans, sa colonie est composée d’environ 47 000 troncs, et pourrait vivre encore longtemps, mais l’action de l’homme pourrait signer son arrêt de mort, entre les sécheresses, le raccourcissement des hivers, et l’absence de prédateurs naturels des herbivores, tués par l’homme, permettant aux herbivores de brouter les jeunes pousses de Pando, et ne lui permettant pas de se régénérer. C’est pour cela que les deux auteurs lui donnent la parole, celle-ci servant de prétexte à la présentation d’un contenu scientifique rigoureux et étayé de nombreuses sources.
Pando va ainsi présenter son histoire probable et ses caractéristiques, démontrer qu’humains, animaux et végétaux ont environ 25% de leur ADN en commun, les rendant plus proches qu’on n’aurait le penser de prime abord. Il explique aussi comment sont apparus les premiers végétaux, dont les arbres, leur lente évolution en fonction des écosystèmes, leurs liens avec les champignons via le système racinaire, le fonctionnement de la photosynthèse et la façon dont les arbres stockent le carbone. Puis Pando va consacrer plusieurs chapitres à l’arrivée de l’homme sur terre, son évolution, qui a progressivement impacté les écosystèmes, avec la culture de plantes au meilleur rendement, se nourrir de fruits et de graines, le déboisage intensif, en vue de construire des habitations, fabriquer des meubles, du papier, obtenir des terres cultivables, se chauffer ou cuisiner, construire des bateaux, laisser de la place pour les villes de plus en plus nombreuses et étendues, créer des routes pour la circulation… Ce faisant, l’action de l’homme a bouleversé les différents écosystèmes et le climat, les arbres n’étant plus assez nombreux sur la planète pour capter le CO2, permettre la formation de nuages de pluie, retenir l’eau et éviter les inondations.
La déforestation de l’Amazonie est un exemple de catastrophe annoncée, et sert de base pour le plaidoyer de Pando, qui propose de gérer autrement la planète et les forêts. Il faudrait planter des milliards d’arbres, en proposant des espèces diversifiées, gérer la forêt de façon durable en équilibrant les coupes et les plantations, et en ayant une vision à long terme. Mais les hommes pourront-ils se mettre d’accord sur la planète et agiront-ils avec conscience ?
Ce livre est destiné au grand public, et fait un état des lieux des différents systèmes souffrant de l’action humaine, mais certaines parties ont un contenu scientifique un peu ardu pour les néophytes comme moi. L’idée de donner la parole à Pando est une bonne idée, mais souvent il disparaît derrière le contenu scientifique et des références, rendant parfois sa parole un peu indigeste. Il aurait fallu un plus de fiction documentaire que de documentaire pur et dur pour que le livre soit adapté à tous.
Mais le contenu est très intéressant, et montre que l’humain va devoir agir très vite s’il veut encore espérer vivre sur notre belle planète. Le point de non-retour n’est pas loin, et tous les pays doivent en prendre conscience et se mobiliser rapidement, pour éviter le pire. Ils doivent s’entendre sur la gestion durable des forêts, la plantation massive d’arbres, et la limitation de l’utilisation des énergies fossiles.
J’ai reçu ce roman dans le cadre du Masse critique Littératures organisé par Babelio, que je remercie, ainsi que les éditions Charleston, que j’ai découvert à cette occasion. J’avais demandé ce titre, attirée par la couverture flamboyante et le résumé.
L’histoire se déroule en Chine au XIXème siècle, et présente le destin de deux femmes depuis leur enfance.
Dans une société hiérarchisée par beaucoup de règles et de traditions, Petite Fleur apprend depuis toute petite à bander ses pieds pour qu’ils deviennent des lotus d’or, de petits pieds lui permettant plus tard de pouvoir espérer un bon mariage, et donc une situation correcte.
Mais les aléas de la vie font que sa mère est obligée de la vendre pour pouvoir assurer leur survie et l’éducation de son frère. Elle va devenir muizai, une esclave au service d’une famille riche, les Fong. Sa mère lui fait promettre de toujours bander ses pieds, qui sont sa seule chance de pouvoir s’en sortir, d’obéir et d’être sage. Petite Fleur se retrouve attachée au service de Linjing, une petite fille gâtée qui est promise à un bon mariage, et qui impose à Petite Fleur ses caprices et ses désirs.
Petite Fleur va peu à peu voir ses rêves se déliter face à la dure réalité de sa condition, sa maîtresse étant égoïste, lui imposant des ordres douloureux comme celui d’arrêter de bander ses pieds, car elle doit elle-même garder ses pieds naturels, pour plaire à son futur mari, qui est contre les lotus d’or, et avance dans la modernité.
Petite Fleur trouve refuge dans sa passion pour la broderie, art dans lequel elle excelle, et qui rend jalouse Linjing. Elle a des idées novatrices qui rendent ses motifs et ses couleurs vivants, et la broderie est ce qui lui permet d’échapper à la dure réalité quotidienne, et de se sentir vivante et libre.
Linjing a peur de son futur mariage, notamment de sa belle-mère et de ses belles-sœurs, car elle sent que ces dernières croient en la vertu des lotus d’or, et pourraient lui mener la vie dure. Elle comprend rapidement que Petite Fleur, avec ses idées et son audace, pourrait être sa seule alliée sur place. Elle va alors tout faire pour que celle-ci la suive, sans écouter les envies de cette dernière…
Je n’en dis pas plus sur ce roman qui est une vraie fresque familiale, qui permet de découvrir le monde de la Chine à la fin du XIXème siècle, quand le pays commence à s’ouvrir à l’Occident, mais où les traditions sont toujours très fortes dans la société.
Seuls les hommes ont le droit d’aller et de venir, de faire des choix, alors que les femmes doivent rapidement trouver un mari convenable pouvant assurer leur subsistance, devant vivre une vie d’obéissance au mari et à la famille de celui-ci. Et dans une société où l’homme peut avoir plusieurs épouses, les rivalités et coups bas peuvent être féroces pour détrôner la première épouse, et donner un fils à la famille. Les femmes ne s’entraident pas, et la belle-mère peut régner sur ce petit monde en personne acariâtre, imposant sa douloureuse domination sur toutes les femmes de la maison de son fils. Les lotus d’or ont une valeur de vertu, et sont très recherchés, au prix de grandes souffrances physiques, et ces petits pieds contribuent à l’enfermement des femmes chez elles, car celles-ci ne peuvent faire que de petits pas et fatiguent vite. Les femmes n'ont pour seuls choix que le mariage, la vie en couvent, ou dans une communauté de sœurs chastes qui doivent travailler sur pour assurer leur subsistance. La notion de bonheur individuel n’existe pas, et les valeurs de la famille sont les plus importantes.
Mais la Chine commence un peu à s’ouvrir au monde, notamment les britanniques, et la société commence une lente évolution. Cela fait que ce roman est aussi une vraie fresque féministe, montrant les inégalités entre hommes et femmes, et le combat de certaines femmes pour faire évoluer leur condition. Petite Fleur fait partie de ces femmes d’exception. Elle va devoir se battre face à un destin tout tracé d’esclave, privée de liberté, elle va devoir faire face à de nombreux coups du sort très douloureux, notamment à cause de la jalousie et de l’égoïsme de Linjing, et faire preuve de créativité et de résilience.
Les chapitres alternent d’ailleurs entre leurs deux voix, permettant au lecteur de s’immerger dans leur intériorité et leurs réflexions. Même si j’ai préféré le courage de Petite Fleur, souffert avec elle des revirements du destin qui semblent contrecarrer tous ses projets, j’ai quand même ressenti de l’empathie et de la pitié pour Linjing à certains moments, celle-ci cédant toujours à la peur, même si le plus souvent elle m’agaçait prodigieusement avec ses réflexes de petite-fille gâtée.
Chaque partie du roman semble être une étape douloureuse de plus pour nos deux héroïnes dont le destin est inextricablement lié. Seule la toute dernière partie m’a parue un peu trop romantique et à l’eau de rose, je l’ai hélas trouvée assez peu réaliste et plutôt hors-sol, même si cela permet à Petite Fleur de devenir une figure de résistance qui montre une ouverture possible.
Ce roman m’a permis de découvrir un pays et une société que je connaissais peu, notamment la tradition des pieds bandés, qui m’a horrifiée, car j’ai cherché sur Internet de plus amples informations, les photos que j’ai vues m’ont révulsée : c'est un véritable outil de domination masculine au prix d’une immense souffrance, avec les os cassés, et les gangrènes possibles. J’ai aussi découvert de l’intérieur le fonctionnement des familles, et la mise en rivalité des femmes pour toujours mieux les maintenir dans leur condition. Et ce roman a aussi attisé ma curiosité sur la broderie et les motifs de décoration orientaux.
Un titre qui allait vers le coup cœur, mais la fin m’a parue trop peu réaliste, même si elle permet d’avoir un peu d’espoir.
« Invulnérable », scénario de Damián, dessins d’Alberto Sanz, couleurs de Mario Ceballos, éditions Bamboo
Résumé: Xavier est un garçon un peu à part, rêveur, qui adore imaginer les aventures de personnages imaginaires, les Plutokids. Il arrive même à se persuader que ceux-ci existent vraiment et qu’il doit s’entraîner pour entrer dans leur équipe de super héros.
Mon avis : Voici une BD émouvante qui comporte une part d’autobiographie, Xavier représentant une part de la jeunesse du scénariste.
Xavier est fan de super héros, notamment Super Man que son grand-père lui a emmené voir au cinéma. Il est persuadé qu’il peut lui aussi devenir un super héros, avec un entraînement suffisant. Et les BD qu’il lit en cachette de son père, avec la complicité de son grand-père, nourrissent son imaginaire foisonnant.
Il rêve des Plutokids, un groupe de super héros qui vont de planète en planète recruter des héros qui veulent rejoindre leur cause, poursuivis par un méchant. Xavier est persuadé que les Plutokids vont arriver d’ici quelques mois sur terre, et qu’il est le candidat idéal pour rejoindre leur équipe. Et pour cela, il est prêt à essayer tous les sports pour devenir fort et musclé.
Mais la réalité de la vie va le heurter de plein fouet, cela lui permettra de mûrir et de se découvrir une vocation.
Cette BD est une plongée douce amère dans l’enfance, abordant les rêves d’enfant, le harcèlement, le deuil, et le monde des super héros.
On comprend vite que les super héros permettent à Xavier de pouvoir prendre des distances par rapport à la réalité, et d’introduire une distorsion d’un quotidien parfois compliqué. Ce n’est pas un hasard s’il s’imagine en futur super héros.
On tremble aussi avec ses parents, comme le papa qui se mure dans la colère face aux délires de son fils, et qui craint qu’il mette sa vie en danger. Son grand-père est une véritable figure rassurante, Xavier ayant une grande complicité avec lui à travers les BD.
Une belle BD à lire.
Merci à Babelio et aux éditions Bamboo pour l'envoi de cette BD lors du Masse critique littérature jeunesse.
«La montagne aux dragons » de Mathieu Pierloot, illustrations de François Maumont, éditions Sens Dessus Dessous
Médusa et Salicorne sont deux sœurs apprenties sorcières. Elles vivent avec leur oncle, Oxalis, magicien. Un jour, en allant cueillir des herbes pour préparer une potion, elles rencontrent Julius, un garçon accompagné d’un canard qui s’appelle Brioche. Celui-ci transporte dans son sac un œuf étrange, avec des écailles. Oxalis est formel, il s’agit d’un œuf de dragon ! D’ailleurs, le petit dragon va sortir de sa coquille, lui donnant raison.
Les petites filles voudraient bien le garder avec elles, mais Oxalis est formel : il faut rendre le bébé dragon à sa mère, car elle doit être à sa recherche, et pourrait tout détruire sur son passage. Trop âgé pour les accompagner, Oxalis laisse partir les enfants, qui doivent traverser un lac où les pouvoirs magiques ne fonctionnent plus, avant d’arriver au pied de la montagne et déposer le bébé dragon.
Mais vous vous en doutez bien, rien ne va se passer comme prévu… Les enfants s’en sortiront-ils et réussiront-ils leur mission ?
Voici une belle histoire proposée par Babelio lors d’un Masse critique spécial et les éditions Sens Dessus Dessous que je remercie pour l’envoi. Ce titre m’a permis de découvrir une maison d’édition que je ne connaissais pas, et de partir à la découverte d’un beau roman, accessible dès 6 ans, et riche de jolies illustrations qui favorisent l’imaginaire du lecteur.
On part dans des contrées imaginaires, dans un monde où la magie existe, où cohabitent, pas toujours en paix des demi-gobelins, des magiciens, des sorcières, des princes, ou des grenouilles qui parlent.
Les deux sorcières, Médusa et Salicorne, sont deux petites filles au fort caractère, se disputant parfois, l’une, Salicorne, ayant le don de dire la vérité et de savoir si les autres disent vrai, l’autre, Médusa, passionnée par les sorts et potions, mais qui pourrait pencher vers la magie noire à certains moments.
Julius, lui, est un petit garçon tout à fait ordinaire, ou presque, car il n’a aucun pouvoir magique, mais on découvrira plus tard son secret…
Tous trois vont partir ensemble pour réaliser une mission périlleuse au cours de laquelle ils vont devoir faire face à de nombreux dangers, et faire preuve de courage et d’entraide.
J’ai bien aimé ce roman qui mêle magie, aventures, amitié dans une quête pleine de rebondissements. J’ai apprécié que les personnages ne soient pas trop lisses, chacun ayant des aspects positifs, mais aussi des zones d’ombre. Mais ensemble, on est plus fort !
J’ai aussi trouvé sympathique la carte des contrées proposées en début d’ouvrage, ainsi que la fin ouverte, qui tient en une belle illustration. Je pense qu’il pourrait y avoir une suite, car tout n’est pas réglé pour Julius, sur lequel on va apprendre des choses à la fin.
Enfin, j’ai trouvé que les illustrations pleines de détails permettaient d’ouvrir l’imaginaire du lecteur, et de s’évader dans ce monde mystérieux.
« Le clan des Brumes» d’Antonio Pérez Henares, éditions Hervé Chopin
A la fin du Paléolithique, Œil Perçant grandit dans le clan des Brumes, et prend de plus en plus de distance avec les règles et rites qui rythment la vie du clan. Contrairement aux autres, il ne fait pas passer le clan avant tout, même s’il sait que sa survie dépend de celui-ci. Il est beaucoup plus indépendant et a de l’ambition. Orgueilleux, il décide de chasser tout seul un immense sanglier, espérant ainsi prouver sa force et sa bravoure, et pouvoir se rapprocher de Merlette, la guérisseuse, pour laquelle il est plein de désir.
J’avais déjà lu« Le chant du bison », qui était une superbe épopée initiatique, et j’ai tout de suite postulé pour ce titre lors du dernier Masse critique Littérature. Je remercie d’ailleurs Babelio et les éditions Hervé Chopin de me l’avoir envoyé.
Mais contrairement à ma précédente lecture, celle-ci m’a paru plus terne, j’ai trouvé qu’elle manquait de souffle et de voyages, et j’ai eu plus de mal à m’attacher au personnage principal, Œil Perçant, dont la personnalité trop égoïste m’a agaçée à certains moments, même s’il va commencer à évoluer en fin de récit.
Œil Perçant est un jeune homme assez égoïste, qui souhaite briller aux yeux de tous, quitte à se mettre en danger ou à mettre en danger les autres membres de son clan, et il ne pense qu’à « posséder » une femme, Merlette, la guérisseuse du clan.
J’ai trouvé que les scènes de sexe ne servaient pas vraiment l’intrigue, et que l’ensemble de l’histoire se déroulait à un ryhtme trop lent.
J’ai plus apprécié les moments de rencontre avec les autres clans, dont les mœurs diffèrent, et qui ont des innovations différentes, ainsi que la rencontre avec des femmes qui pratiquent encore le culte de la Déesse-mère, avant que les chamans sorciers hommes ne prennent définitivement l’avantage.
J’ai aussi aimé les réflexions et les questions que se pose Œil Perçant sur les étoiles et l’astronomie.
La fin augure d’une suite, et le résumé nous dit qu’il s’agit d’un premier tome. A voir si la suite devient plus passionnante, à l’image de la fin de ce premier tome.
« Au large des vîles, 1 » de Lucie Pierrat-Pajot, éditions Gallimard jeunesse
Résumé: Bunny, 17 ans, vit avec sa petite sœur et son père sur une île pauvre où elle collecte des déchets pour l’entreprise de recyclage Lemnistic Artefacts. Mais un jour, sa sœur et son père sont enlevés, et elle décide de partir à leur recherche. Adam, 18 ans, vit sur une île riche, mais souffe d’un lourd handicap physique. Il s’évade dans le monde virtuel de la Dentelle, et espère pouvoir y rester défintivement, loin de son corps. Leurs destins vont se croiser…
Mon avis: Je remercie les éditions Gallimard jeunesse et Babelio, qui m’ont proposé de lire ce roman lors d’un Masse critique spécial. Il s’agit du tome 1 d’une série prévue en deux tomes.
On entre immédiatement dans un monde dans un futur pas si lointain. Après différentes catastrophes naturelles causées par l’homme, les consciences se sont éveillées. Désormais, les humains vivent sur des îles flottantes ou sur des vîles (des villes sur des îles) pour les plus riches, qui se déplacent avec des moteurs électriques.
L'entreprise Lemnistic Artefacts a trouvé un processus permettant de créer un nouveau matériau à partir de plastique recyclé. Cette entreprise très riche a aussi créé des implants que seuls les plus riches peuvent s’acheter, qui permettent de se rendre dans un monde virtuel, où les « motifs » sont des décors permettant de vivre dans différentes bulles. Certains humains ont totalement délaissé leur corps, qui est déposé dans un caisson, et vivent uniquement dans la Dentelle, un metavers.
Adam, 18 ans, passe ses journées dans la Dentelle, détestant son corps handicapé, et souhaitant pouvoir bénéficier d’un caisson pour laisser son corps et vivre uniquement dans le monde virtuel. Pour cela, il est devenu un créateur hors pair de motifs dans la Dentelle, sous le pseudonyme de Prime, et espère pouvoir intéger Lemnistic Artefacts grâce à ses talents, et pouvoir ainsi laisser son corps de côté. Il le fait en cachette de son père, un riche homme d’affaires qui souhaite que son fils lui succède.
Bunny, elle, a 17 ans et vit sur une île pauvre, allant récupérer et trier des déchets pour Lemnistic Artefacts. Elle connaît l’envers du décor de cette entreprise, avec la pollution de la mer, le travail des enfants pour peu d’argent, la corruption des chefs. Mais elle est heureuse avec son père et sa petite sœur. Mais son père commence à avoir peur d’un danger qui pourrait venir de la mer, et un jour, son père et sa petite sœur disparaissent, enlevés par un mystérieux bateau. Bunny ne peut se résoudre à son sort, et décide de partir en quête de son père et de sa sœur. Elle va alors découvrir que le monde peut être encore plus cruel que ce qu’elle imaginait, et progressivement découvrir de sombres secrets cachés.
Bunny et Adam vont voir leurs destins se croiser sur une île, et découvrir qu’ils ont plus en commun que ce qu’ils auraient pu penser.
J’ai trouvé ce roman original de par son univers qui montre un futur pas très éloigné du nôtre, où les humains vivent de plus en plus dans un monde virtuel très réaliste, qui leur fait oublier leur corps, et leur fait progressivement couper tout lien avec celui-ci. D’ailleurs, le patron de l’entreprise Lemnistic Artefacts vit depuis des années dans la Dentelle, et ne réintègre plus son corps. Il a comme projet de faire entrer les humains dans le monde virtuel de la Dentelle tout en conservant leurs corps dans des caissons. Des artistes qui ont un implant créent des motifs plus vrais que nature, et laissent parler leur créativité, tout comme Adam-Prime.
L’idée de faire vivre les humains sur des vîles qui peuvent se déplacer sur les mers et océans est aussi intéressante.
Ce roman fait réfléchir sur la relation corps-esprit, les dérives possibles des mondes virtuels, les manipulations génétiques, la protection de l’environnement, sur ce qui se cache aussi derrière la façade d’entreprises dites propres.
Par-contre, j’ai trouvé que la mise en place de l’action pour Bunny et Adam mettait un peu trop de temps à s’installer, alors que le rythme s’accélère enfin à la fin du livre, avec des révélations, qui donnent envie de savoir ce qui va se passer par la suite.
J’ai également trouvé que le résumé en disait un peu trop sur ce qui allait arriver à Bunny et Adam, ce qui fait qu’il manque l’effet de surprise, et que cela ajoute au fait qu’on trouve le début de l’histoire un peu lent à se mettre en place.
A noter, l’autrice est professeure-documentaliste ;) et a écrit la trilogie des « Mystères de Larispem ».
«La Compagnie des invasives» de Marianne Roussier du Lac, illustrations d’Alice C. Roussel, éditions Le Pommier
J’ai reçu ce livre dans le cadre du dernier Masse critique non-fiction, et je tiens à remercier Babelio et les éditions du Pommier pour son envoi.
Je pensais lire un documentaire présentant de façon scientifique les plantes invasives, et j’ai eu la surprise, et la joie, de découvrir un texte écrit de façon poétique, tout en conservant une rigueur scientifique. L’autrice est d’ailleurs à la fois agrégée de lettres et docteure en littérature, mais a aussi étudié la botanique et l’ethnobotanique, ce qui a permis l’écriture de ce livre qui explique pourquoi des plantes venues d’ailleurs ont commencé à envahir l’Europe, souvent par volonté de découverte et d’essai d’acclimatation de plantes dont la beauté était à la mode, et que ces mal-aimées ont finalement toute leur place, qu’elles se sont évertuées à prendre, dans nos écosystèmes.
Chaque chapitre met en avant une plante, avec son origine géographique, ses aventures pour venir en Europe, sa description botanique, et des explications qui démontrent que ces plantes dites invasives peuvent trouver leur place, et qu’elles se sont appropriées des endroits.
A rebours des discours scientifiques qui crient haut et fort à l’invasion des plantes exogènes, Marianne Roussier du Lac nous démontre que les espèces dites natives ne le sont pas toujours, et que l’action de l’homme sur son environnement existe depuis toujours. Comment alors décider de ce qui est originel ou pas ?
Avec ce livre, vous ne regarderez plus de la même façon le robinier faux-acacia, le buddleia, l’ailante, la renouée du Japon ou le figuier de Barbarie. Il se peut même que vous commenciez à les apprécier.
« Brunilde & compagnie» de Blandine Butelle, éditions ReliCha
Résumé : Brunilde fait sa rentrée au collège en sixième. Ses mères et son amie Edmée la préviennent que le collège est le lieu de tous les dangers. En plus, Brunilde s’est sentie obligée de participer au club théatre. Elle pense pouvoir y échapper quand leur professeur de français se blesse.
Mon avis : Je tiens d’abord à remercier les éditions ReliCha et Babelio pour l’envoi de ce roman lors de la Masse critique jeunesse et jeune adulte. J’ai eu le plaisir de découvrir une maison d’éditions normande que je ne connaissais pas, spécialisée en jeunesse et jeunes adultes, et où les chats ajoutent leurs pattes.
Brunilde est une jeune fille qui va faire sa rentrée en sixième, et n’est pas très rassurée par ce monde nouveau et potentiellement dangereux qui s’ouvre à elle. Elle est heureusement dans la même classe qu’Edmée, sa meilleure amie.
Ayant une maman autrice de romans à succès et une maman metteuse en scène de théâtre, sa professeure de français ne doute pas un instant que Brunilde fasse partie de son club théâtre. Par solidarité Edmée va aussi s’y inscrire. C’est alors parti pour les répétitions de la pièce des « Fourberies de Scapin ».
Mais leur professeure va se casser la jambe, et Brunilde, qui est timide et a le tract, espère bien que tout va être annulé. Mais un remplaçant, surnommé Pikiou, arrive. Et comme il n’y connaît rien en théâtre, les enfants lui font croire qu’ils vont adapter sur scène le film « Pirates des Bermudes ». Quelle chance pour Brunilde qui en profite pour écrire les textes et diriger les acteurs au lieu de passer sur scène. Mais un rebondissement de dernière minute va tout changer…
Voici un roman plein de fraîcheur et d’humour qui aborde les thématiques du théâtre, avec notamment les superstitions et les aléas des troupes, les relations entre amour et amitié à l’entrée au collège, avec des moments plein d’humour comme dans la scène du poulpe, ou les références à la saga Harry Potter à travers les romans à succès écrits par une des mères de Brunilde. Et j’ai bien aimé aussi qu’on parle amours en tous genres, et homoparentalité de façon naturelle.
«Outrenoir, 1. Les titans du ciel» de Marc J Gregson, éditions Lumen
Résumé: Conrad a vu sa vie basculer le jour où son oncle a tué son père pour prendre le pouvoir. Il a dû vivre avec sa mère chez les Subs, la caste la plus pauvre, séparé de sa sœur gardée par son oncle. Depuis, il rêve de se venger et de retrouver sa sœur. Et pour cela, il va devoir s’élever dans la société, et la première étape est d’intégrer la guilde de la Chasse.
Mon avis : Voici un roman de fantasy que Babelio et les éditions Lumen m’ont proposé de recevoir, et je les en remercie.
L’histoire se passe dans un monde où les gens vivent sur des îles qui peuvent flotter dans l’air grâce à leur cœur, et où se trouvent en dessous de sombres nuages toxiques que personne ne peut traverser sans mourir. La société est organisée en castes, et fonctionne au mérite qui permet de s’élever dans la société, tout comme on peut vite se retrouver tout en bas des échelons.
C’est dans cette société que vit Conrad qui a la rage chevillée au corps et au cœur depuis le meurtre de son père par son oncle, le propulsant tout en bas de la société avec sa mère, et le séparant de sa petite sœur. Il survit dans les bas-fonds de la société de son île, se battant avec sa canne pour essayer de rapporter de l’argent permettant d’acheter des médicaments à sa mère malade. Mais il rêve de pouvoir se venger de son oncle et s’est juré de pouvoir retrouver sa sœur.
Pour cela, il va devoir participer à une sélection au sein de la guilde de la Chasse. Son objectif est d’être sélectionné comme capitaine et de gagner la compétition pour revenir puissant. Mais la compétition est rude, les chasses contre les gorgantauns, des serpents géants d’acier qui font des ravages dans les îles, étant souvent mortelles pour les chasseurs, tandis que Conrad ne sait pas qui sont ses ennemis à bord du Gladian, le vaisseau volant sur lequel il va participer à la compétition.
Ce roman de fantasy est foisonnant, me faisant penser à certains moments à « Red Rising » pour son héros malmené par la vie, devant se frayer un chemin parmi ses ennemis, et devant apprendre à savoir à qui faire confiance, dans un monde cruel où les corps et les esprits sont rudement marqués, et à « L’attaque des Titans » pour les monstres géants d’acier, les barrières de protection, et un autre monde caché.
J’ai trouvé le début du récit un peu lent à se mettre en place, avec un Conrad bourré de certitudes, mais ensuite, à partir du moment où il participe à la sélection, j’ai trouvé les chapitres de plus en plus addictifs, Conrad plus humain, et les rebondissements s’enchaînent ensuite rapidement à la fin du livre, et donnent envie de suivre la suite des aventures de Conrad.
Ce dernier va commencer à changer, comprendre qu’être seul n’est pas un gage de réussite, qu’il faut apprendre à faire confiance aux autres, tout en se gardant de ses ennemis, qui ne sont pas forcément ceux auxquels on aurait pu penser. Il va également être marqué dans sa chair et dans son âme par les combats épiques avec les gorgantauns, devoir faire preuve de courage, d’ingéniosité et d’audace.
Ce premier tome m’a donné envie de suivre la suite de ses aventures et de celles de son équipage, dans un monde où les certitudes ont volé en éclat, et où la chute n’est jamais loin de la gloire.