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masse critique babelio

Le livre du hygge

Publié le par Doc Bird

« Le livre du hygge. Mieux vivre : la méthode danoise » de Meik Wiking, éditions First

J’avais beaucoup entendu parler du hygge (prononcer hou-ga) ces derniers temps, et ce titre a donc fait partie de mes vœux lors du dernier Masse critique de Babelio, que je remercie, ainsi que les éditions First.

Le livre en lui-même est très beau, avec sa couverture aux tons bleus qui résume l’esprit du hygge : profiter de l’instant présent, emmitouflé douillettement dans un plaid, en train de lire, de rêvasser, de lire un bon livre, à la lumière tamisée des bougies.

Meik Wiking est spécialiste du sujet du bonheur, car il est président de l’Institut de recherche sur le bonheur de Copenhague, mais il est aussi spécialiste de hygge car il est danois, donc, il a tous les atouts en main pour apprendre aux lecteurs la philosophie danoise du bonheur, le hygge.

Le terme hygge est intraduisible tel quel en français, mais il se rapproche des mots bien-être et du bonheur. Le Danemark est classé, dans différentes enquêtes, comme étant le pays où les gens sont le plus heureux, notamment grâce à leur philosophe de vie, le hygge.

Le hygge, c’est partager des moments, entre amis, avec des bougies, des douceurs à manger, des couvertures, des chaussettes en laine, et prendre le temps de savourer le moment présent. C’est goûter aux petites joies de la vie et en profiter pleinement.

Pour cela, Meik Wiking va nous donner différentes pistes : les bougies, être entouré d’un petit groupe d’amis ou en famille, préparer des bons petits plats, des desserts gourmands, et partager le repas préparé ensemble autour d’un verre, s’habiller en mode cocooning, faire de sa maison un havre de paix en recyclant des objets design, jouer à des jeux de société, vivre des moments hygge à toutes les saisons…

Ce livre se parcourt avec plaisir, sous la plume d’un spécialiste du sujet, accompagné de belles illustrations ou photos, et même de quelques recettes à tester !

Mais j’ai cependant trouvé qu’il était un peu long et répétitif, l’auteur revenant sans cesse sur des informations déjà données, et parlant trop souvent de ses expériences personnelles.

Un ouvrage sympathique pour découvrir le hygge, mais qui n’est pas non plus indispensable. A découvrir.

Le livre du hygge
Le livre du hygge
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Courrier des miracles, 1

Publié le par Doc Bird

« Courrier des miracles, 1 » de Noboru Asashi, éditions Komikku

Résumé : Makoto est un lycéen qui trouve que sa vie est plutôt monotone et routinière, et ressent de l’ennui. Mais sa route va croiser celle d’un pigeon, et il va avoir un accident. Il découvre alors qu’il va devoir devenir coursier des miracles pour pouvoir revenir à la vie. Sa vie va alors radicalement changer !

Mon avis : Tout d’abord merci à Babelio et son opération Masse critique, ainsi qu’aux éditions Komikku, de m’avoir fait découvrir ce titre.

Le premier tome de cette série m’a attirée, de par l’originalité de son sujet, celle d’un garçon qui se retrouve dans une sorte de monde entre la vie et la mort, et qui va devoir faire ses preuves, en devenant un facteur de bonnes nouvelles, pour pouvoir revenir à la vie.

Le jeune Makoto, qui s’ennuyait auparavant dans sa vie, va alors découvrir que sa mission est loin d’être de tout repos, et que chaque missive à apporter est un véritable défi à réaliser, car les destinataires peuvent être tout sauf coopérants !

Il va croiser le chemin d’une jeune fille qui est amoureuse en secret de son voisin, mais n’ose pas lui dire, d’un homme qui fait tout pour voir le négatif, de peur d’être déçu si un de ses rêves se réalise, et d’un jeune homme qui s’interroge sur le bonheur.

En même temps, il va écouter les autres, tout en observant leurs modes de vie, et il va alors réfléchir au sens de la vie, et à celui qu’il pourrait donner à la sienne. Il se rend compte qu’il n’a pas donné de sens jusque-là à sa vie, et que c’est cela qui pourrait le faire avancer.

Ce manga est un vrai conte philosophique, où le héros, étape par étape, en rencontrant différentes personnes, va sûrement réfléchir à sa façon de vivre sa vie, et évoluer vers plus de sagesse.

Bonus, la série ne compte que trois tomes 

A découvrir !

Quelques extraits :

  • - « Tu fais ce que tu veux, c’est ton choix… Mais sache que la liberté de choisir n’est pas éternelle. »
  •  
  • - « Dans la vie, on ne peut jamais prédire si les choses vont évoluer dans le bon ou le mauvais sens. Alors pour éviter les coups du sort, il repère tous les éléments qui penchent vers le négatif, puis il s’autopersuade que tout va aller mal. (…) Mais dans la vie, ça ne tient qu’à toi de perdre ou de gagner, pas vrai ? Alors les gens négatifs par nature voient le mal partout, même quand tout se passe bien. »
  •  
  • - « Et pourtant, c’est la vérité ! C’est dans les petits riens de la vie quotidienne que réside le vrai bonheur. »
  •  
  • - « D’ailleurs personne ne vient au monde avec une raison de vivre ! Mais c’est à tout à chacun de la trouver ! C’est ça, la vie ! »
Courrier des miracles, 1Courrier des miracles, 1
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Keep me in mind 

Publié le par Doc Bird

« Keep me in mind » de Jaime Reed, éditions de la Martinière jeunesse, collection Fiction

Résumé : Quand Ellia se réveille sur un lit d’hôpital, les deux années précédentes ont disparu de sa mémoire. Elle se souvient de sa famille, de sa meilleure amie, mais absolument pas du jeune homme que l’attend à son réveil, Liam. Celui-ci veut tout faire pour qu’elle se rappelle de leur couple, et commence à écrire le récit de leur histoire. Parviendra-t-il à l’aider à reconstituer le puzzle de sa mémoire ?

Mon avis : Je remercie tout d’abord Babelio, et son opération Masse critique spécial jeunesse, ainsi que les éditions De la Martinière jeunesse, pour m’avoir permis de découvrir ce roman.

On y fait la rencontre d’Ellia, jeune fille qui a perdu la mémoire suite à une chute et un traumatisme crânien, alors qu’elle courait avec Liam, son petit ami. A son réveil, elle a perdu la mémoire des deux années précédentes, et doit apprendre à revivre le quotidien, avec cet énorme trou de 2 ans dans sa vie. Et elle se demande, qui est Liam, son petit ami, qu’elle ne reconnaît absolument pas.

Ce dernier est déterminé à aider Ellia à recouvrir la mémoire, et se rappeler de leur amour si fort. Il entreprend alors d’écrire le livre de leur histoire, mais il bloque sur le moment de l’accident, se sentant coupable.

Le lecteur se demande si tout ce que dit et écrit Liam est juste, car des zones d’ombres semblent planer sur sa relation avec Ellia, notamment le rejet de leur histoire d’amour par leurs deux familles.

Cette remontée dans le passé va permettre à Liam de plonger aussi en lui-même, et d’apprendre à mieux se connaître et se comprendre, tout comme il va permettre à Ellia de devenir ce qu’elle souhaite vraiment être, sans la chape d’un passé qui pourrait l’empêcher d’avancer.

Ce roman est écrit à deux voix, permettant d’alterner le point de vue de chacun à chaque chapitre, et de mieux appréhender les différentes facettes de leur relation.

L’auteur dépasse la classique histoire d’amour pour parler de construction de soi, des relations familiales, de la communication, des non-dits, de la construction d’un couple où chacun se sent libre, des conséquences de l’amnésie sur soi et sur son entourage.  

J’ai trouvé que ce roman était une métaphore du passage à l’âge adulte, permettant à chaque héros de participer à la construction de sa personnalité, loin des clichés et des idées reçues, qui les façonnaient jusque-là.

Tous deux vont cheminer en parallèle pour mieux se découvrir, se rendant compte que chacun peut évoluer pour donner le meilleur de lui-même. Au-delà de l’histoire d’amour, on assiste au changement de deux adolescents, qui mûrissent, et deviennent capables de faire leurs propres choix.

Une belle histoire, à proposer aux adolescents, qui pourront se reconnaître, ente un jeune sportif et littéraire, et une jeune fille au fort tempérament, qui se cherche.

Quelques extraits :

  • - « La confiance est un art difficile à maîtriser, surtout pour une amnésique qui doit sans cesse compter sur les autres. »
  •  
  • - « Je veux juste contrôler le pouvoir que les émotions ont sur moi, que ce soit les miennes ou celles des autres. »
  •  
  • - « Ne laisse personne – pas même une fille – te tenir en laisse. Peu importe si elle est fabuleuse et géniale, personne ne vaut la peine que tu oublies qui tu es. »
  •  
  • - « Je ne veux pas être manipulée, malmenée, placée dans un moule qui ne me correspond pas. Ça vaut pour toi, mes amis et Liam aussi. Je ne peux pas être la fille de des rêves. »
  •  
  • - « On ne peut pas se contenter d’aimer les bons côtés d’une personne. Une fois que tu as vu les mauvais, soit tu l’aimes pour ce qu’elle est, soit tu l’aimes en dépit de ce qu’elle est. »
  •  
  • - « Quand on y pense, il n’y a pas de bon ou de mauvais moment pour naître ou mourir. Il y a de l’attente, puis la réalité, et ces deux-là ne se sont jamais entendues. »
  •  
  • - « Considère cette épreuve comme un nouveau départ. Une chance de te réinventer. »
  •  
  • - « Ma mémoire n’avait pas disparu, elle était simplement cachée. »
Keep me in mind 
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L’accusé du Ross-Shire 

Publié le par Doc Bird

« L’accusé du Ross-Shire » de Graeme Macrae Burnet, éditions Sonatine

Tout d’abord, merci aux éditions Sonatine et à Babelio de m’avoir proposé de lire ce roman pour un Masse critique spécial. Je dois dire que j’ai tout de suite postulé pour ce roman, car le résumé me donnait vraiment envie d’en savoir plus.

10 août 1869. Roderick Macrae, jeune paysan de 17 ans, tue trois personnes dans leur maison. Aussitôt, il se rend et explique qu’il est l’auteur de ce triple homicide.

2014. Graeme Macrae Burnet fait des recherches sur son grand-père. Il découvre alors des documents d’archives sur un de ces ancêtres, Roderick Macrae, et sur les assassinats dont il serait l’auteur. Graeme Macrae Burnet décide alors de lire tous ces documents et de les porter à la connaissance du grand public. Ce sont ces documents dont le lecteur va prendre connaissance. Il y aura les différentes dépositions, le récit des événements par Roderick lui-même, les rapports d’autopsie, un extrait d’ouvrage sur la psychologie de la folie dans le monde judiciaire, des extraits du procès, à travers différents articles de journaux de l’époque.

Le principe ce de roman est intéressant, faisant participer l’auteur qui a découvert fortuitement des informations sur un de ses ancêtres, mêlant les différents éléments du dossier judiciaire, afin que le lecteur se fasse son propre avis sur la culpabilité de Roderick. Il est coupable physiquement de trois assassinats, mais avait-il toute sa tête à ce moment-là ? Les jurés ont rendu leur verdict, au lecteur d’avoir son propre avis. Cette idée d’avoir un fait et plusieurs interprétations est originale, laissant le lecteur se forger sa propre conviction à l’aide des éléments fournis, comme dans le cadre d’un véritable procès. A travers les différents documents présentés, le lecteur est mis à distance du personnage de Roderick, se sentant souvent simple spectateur, sauf au moment de la lecture du récit des faits par Roderick lui-même, même si, là encore, la narration impose toujours un certain recul.  Le lecteur se retrouve donc en position plutôt impartiale pour pouvoir juger de la culpabilité de Roderick.

Le récit de Roderick est le document qui permet de cerner au plus près la personnalité de ce jeune homme, et qui permet de comprendre l’enchaînement des faits qui a mené au massacre final. Y est dépeinte une société paysanne des Highlands au 19ème siècle, avec son lot de personnages frustes, et le vase clos du village qui renferme plein de rancœur et de désespoir. A partir du moment où Roderick perd sa mère, le destin semble inexorablement pousser la famille vers un sombre destin. Le père, déjà taciturne, se renferme encore plus, Jetta, la fille aînée, doit pourvoir à tout dans la maisonnée et perd sa joie de vivre, et Roderick sent que des jours difficiles arrivent. Car Lachlan Mackenzie est élu constable du village, et n’aura de cesse de s’acharner sur la famille Macrae : il invente de nouvelles réglementations pour les empêcher de vivre, et entre dans une véritable campagne de harcèlement, sans que le reste du village n’ose y redire, par lâcheté. Les événements s’enchaînent alors rapidement, faisant basculer le destin de la famille. Et Roderick a en plus le malheur de ressentir des sentiments pour Flora Mackenzie, alors qu’il sait que cela est impossible. Rien de bon ne peut ressortir de cet engrenage infernal. Roderick se laisse aller à son destin, malgré une vélléité de fuite, et se résigne à suivre ce que le destin lui offre. Jusqu’au jour où tout bascule, et où il assassine sauvagement Flora, son petit frère, et Lachlan.

Les différents documents, et notamment les détails du procès, vont essayer de déterminer si Roderick était en pleine possession de con esprit au moment des meurtres ou pas. Différents témoins et experts sont appelés à la barre, et le portrait de Roderick est très mouvant, l’accusé lui-même semblant non concerné par son procès. Alors fou ou pas ? Rien n’est sûr, et c’est à chacun de se faire sa propre opinion.

Ce récit permet de dresser le portrait sociologique d’un petit village des Highlands renfermé sur lui-même, où chacun se mêle de ses propres affaires, sans forcément aider les autres. On y rencontre des personnalités âpres, des conditions de vie difficiles, et un jeune Roderick qui accepte de se laisser porter par le destin, ne pouvant lutter contre, et se résignant. La campagne de harcèlement contre sa famille est infâme, et la naïveté de Roderick lui jouera des tours. La noirceur de l’âme humaine apparaît au grand jour, et il est facile de désespérer sur le genre humain à la lecture ce roman. Il n’en reste pas moins que les assassinats sont sordides et d’une rare violence, et le doute plane sur les motivations de Roderick.

Au niveau de la description historique, je trouve que ce récit a tout bon, mais la quatrième de couverture allèche le lecteur en le qualifiant de thriller, alors que je trouve qu’on en est loin. Nul suspense sur les événements, pas de frissons, et aucune tension.

Un récit à la construction originale, qui intéressera les passionnés de criminologie, et ceux qui ont aimé lire « Oliver Twist » ou « Les Misérables ».

Alors, si vous voulez vous faire votre propre avis, il ne vous reste plus qu’à lire ce titre.

 

L’accusé du Ross-Shire 
L’accusé du Ross-Shire 
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Max et la grande illusion 

Publié le par Doc Bird

« Max et la grande illusion » d’Emanuel Bergmann, éditions Belfond, collection Littérature étrangère

Résumé : Début du XXème siècle, un petit garçon juif, Mosche Goldenhirsch, naît à Prague. Il deviendra plus tard le grand illusionniste Zabbatini. Début du XXIème siècle, Max, 10 ans, vivant à Los Angeles, apprend que ses parents vont divorcer. En découvrant par hasard un vieux disque vinyle présentant des sortilèges du Grand Zabbatini, dont Le sortilège de l’amour éternel, il décide de partir à la recherche de ce magicien pour qu’il l’aide à réconcilier ses parents, et qu’il y ait de nouveau de l’amour entre eux…

Mon avis : Tout d’abord, merci aux éditions Belfond et à Babelio de m’avoir proposé de lire ce roman de la rentrée littéraire en avant-première.

Dès le début, on se retrouve happé par l’histoire, qui commence comme une sorte de fable où la vie et la mort vont se disputer le premier rôle.

Le roman débute par le « miracle » de la naissance de Mosche, qui sera vite terni par les aléas de la vie, et tout finit par un autre miracle, que le lecteur découvre à la fin.

Mosche est un enfant juif, qui naît dans la ville de Prague à la fin de la Première Guerre mondiale. Elevé par un père rabbin, mais dont la paternité n’est pas sûre, il ne sait pas ce qu’il fera plus tard, peu attiré par la religion. Lors d’une sortie avec un voisin au cirque, il va assister, et même participer à un spectacle de magie qu’il va trouver époustouflant, et qui va lui donner la vocation de devenir magicien à son tour. Dans une Europe où il ne fait pas bon être juif, il va se former pour devenir le Grand Zabbatini, célèbre mentaliste qui va avoir un succès fulgurant. Mais la trahison sur ses origines va l’amener à survivre dans les camps. A la fin de sa vie, il vivote dans une maison de retraire à Los Angeles.

C’est là qu’entre en scène Max, petit garçon qui voit ses parents divorcer, et souhaite les voir retrouver l’amour. Il découvre, grâce à un disque, que le Grand Zabbatini pourrait l’aider grâce à ses dons, et il décide de partir à sa recherche, s’il est encore en vie.

Les chapitres alternent entre le point de vue d’un narrateur externe au début, puis de Mosche et de Max. L’histoire, qui semble au début relier des êtes différents, va finalement les faire se rapprocher, et bien plus qu’on n’aurait pu le supposer.

La petite et la grande histoire vont se croiser, entre antisémitisme, avènement du parti nazi au pouvoir ou déportation. Les camps de concentration semblent être une sorte de fil rouge, qui va permettre de relier les destins de Max et de Mosche.

A la lecture de ce roman, tour à tour glaçant, drôle, triste, touchant et émouvant, on assiste à une sorte de parabole de la vie, où magie, illusions, amour et destin vont se croiser.

Perd-on obligatoirement ses illusions en grandissant, ou peut-on garder sa capacité d’émerveillement. ?

Ce roman va prouver que la perte des illusions et de la foi en l’homme peut malgré tout être le terreau d’une vie qui prend sens, même sur le tard. Les hommes on viscéralement besoin de croire en la magie, de s’émerveiller, pour croire en la vie, laisser se dissiper le voile de tristesse qui peut les étreindre, et parfois, des miracles qu’on ne voit pas finissent par arriver.

Un roman de plus en en plus intense, qui ne vous laissera pas indifférent, et vous fera parcourir la piste aux étoiles.

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Lotto Girl 

Publié le par Doc Bird

« Lotto Girl » de Georgia Blain, éditions Casterman

Résumé : Fern vit dans un monde séparé entre riches et pauvres. Les riches peuvent se permettre de choisir le patrimoine génétique de leurs enfants, tandis que les pauvres doivent travailler dans de difficiles conditions, sans espoir d’un monde meilleur pour leurs enfants. Sauf tous les 7 ans, quand des familles sont tirées au sort, et que les gagnantes peuvent choisir les avantages génétiques pour leurs enfants : beauté, talent dans un domaine, santé… C’est comme cela que Fern est née, elle est une Lotto girl, une fille de la loterie, et promise à une bonne éducation et un bel avenir. En tout cas, c’est ce qu’elle croyait jusque-là…

Mon avis : Quand Babelio m’a envoyé un mail pour me proposer ce roman, j’ai tout de suite dit oui, attirée aussi bien par la couverture, que par l’extrait en quatrième de couverture, qui était intrigant.

J’en profite d’ailleurs pour remercier Babelio pour cette opération Masse critique spéciale, ainsi que les éditions Casterman.

Fern, narratrice de l’histoire, est une Lotto Girl, une jeune fille qui a la chance de pouvoir faire des études dans un lieu privilégié, et promise à un bel avenir. Elle adore tout ce qui concerne les plantes, et aime tout e qui est en lien avec la communication, ce qui correspond à ce que ses parents souhaitaient pour elle. Très jeune, elle a été séparée de ses parents pour se rendre à l’école, et elle y va sans aucun regret, ce qui n’est pas forcément le cas des autres Lotto Girls qu’elle va y rencontrer, notamment Ivy qui se sent en décalage total et veut retourner dans sa famille. Elle va sympathiser aussi avec Wren et Lark, deux autres Lotto Girls.

Ces éléments du passé, le lecteur les connaît grâce aux confidences de Fern dans le Désert, sorte de réseau virtuel où de nombreuses données transitent.

Mais au début du roman, le lecteur ne connaît rien sur Fern, pas même sa vraie identité, et tout comme elle, s’interroge sur sa présence dans un endroit très pauvre, pollué, où les gens doivent travailler dans le tri des déchets pour pouvoir gagner des données à échanger contre de l’eau et de la nourriture.

L’auteur a fait le choix d’alterner dans chaque chapitre présent et passé, permettant peu à peu de reconstituer le puzzle de la vie de Fern. Est-elle un pur produit issu de la génétique et de la société BioPerfect ? Dans ce cas, comment se retrouve-t-elle à vivre dans une décharge dans l’attente qu’on vienne la chercher ? Que sont devenues ses amies ? Peut-elle avoir confiance en quelqu’un ?

Les questions que se pose le lecteur foisonnent, et l’auteur réussit à seulement montrer ce qu’elle souhaite, laissant le lecteur découvrir peu à peu les différents pans d’ombre dans la vie de Fern.

Par ailleurs, ce roman permet de se demander quelle est la part de génétique et d’éducation dans la réussite ?  Qu’est-ce qui constitue l’identité de chacun ? Est-on uniquement déterminé par la génétique ou a-t-on la liberté et le choix ? Quelle société voulons-nous ? Le numérique permet-il plus de liberté ou nous aliène-t-il ? Peut-on vivre dans une société qui surveille les données de tout le monde ?

Fern va avancer dans la vie et faire ses propres choix, ouvrant ainsi le lecteur à différentes réflexions et interrogations.

Un roman très intéressant, mêlant science-fiction, aventure, et réflexion éthique et philosophique. J’ai vu avec regret que l’auteur était décédée en 2016, des suites d’un cancer du cerveau, ce qui prive ses lecteurs d’une suite, car j’ai trouvé la fin trop rapide, notamment en ce qui concerne le combat entre généticiens et opposants sur ce qui fait la réussite et le bon développement d’une personne.

 

 

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Un élément perturbateur

Publié le par Doc Bird

« Un élément perturbateur » d’Olivier Chantraine, éditions Gallimard

Serge Horowitz est un quadragénaire qui vit toujours chez sa sœur, se laisse porter par la vie et les événements, travaille juste le minimum et se laisse aller. Il est aussi hyponcondriaque, se rendant régulièrement à la pharmacie pour acheter diverses vitamines, minéraux et autres médicaments au cas où il lui arriverait quelque chose. Il travaille dans une entreprise de consulting, grâce à son frère, qui est ministre des finances.

Mais deux événements vont l’amener à devoir changer sa vision de la vie : il est irrésistiblement attiré par Laura, qui travaille dans la même équipe que lui et ne lui semble pas indifférente, et il va être pris d’épisodes d’aphasie, au cours desquels il ne peut pas sortir un seul mot, restant désespérément muet. C’est d’ailleurs ce qui va lui arriver au Japon au moment de boucler une affaire, il ne peut plus rien dire, et quand il retrouve l’usage de la parole, c’est pour dire la vérité et empêcher la transaction de se faire. Son patron exige alors qu’il se rattrape et fasse réussir la transaction. C’est à ce moment-là que Serge va comprendre que dans la vie, il faut avancer et faire des choix….

L’histoire est celle d’un homme qui s’est laissé aller depuis de nombreuses années, devenu presque un simple spectateur de sa vie, s’étant englué dans ses habitudes de vie. D’ailleurs, il ne va pas bien, même si lui-même ne s’en rend pas vraiment compte. Ses virées régulières à la pharmacie font le bonheur des laboratoires pharmaceutiques, car acheter divers produits lui permet de limiter les risques avant que ceux-ci n’arrivent vraiment, et lui donner l’impression d’être rassuré.

Mais un jour, son corps émet un avertissement en l’empêchant de parler, lui donnant un signal d’alarme. Bien sûr, Serge est hypocondriaque et va essayer de trouver des solutions en pharmacie, mais en vain. Car cette aphasie cache un mal plus profond, et va le mettre sur le chemin d’une prise de conscience de sa vie. Et il va aussi découvrir qu’il est tombé amoureux de Laura, sa collègue de travail, qui souffle le chaud et le froid avec ses sentiments, et que sa vie tranquille dans l’appartement de sa sœur pourrait aussi changer. En bref, beaucoup de changements pour quelqu’un habitué à sa tranquillité !

On se dit que cette intrigue va être porteuse, avec un héros banal qui va peut-être trouver un sens à sa vie, prendre conscience que ses idéaux bien enfouis en lui sont en contradiction avec son métier, et qu’il va devoir faire des choix de vie, et c’est le cas.

Mais le style d’écriture de l’auteur est par moments beaucoup trop familier, notamment lors des scènes d‘amour, alors que cela n’apporte rien à l’histoire, et l’appesantit au contraire. Par ailleurs, la transformation de Serge grâce à une chaîne de TV qui lui apporte une certaine sérénité arrive un peu trop rapidement, ouvrant certes des pistes sur sa transformation intérieure et un possible avenir, mais sans vraiment de travail sur lui-même.

On assiste à une sorte d’éveil de personnalité, grâce à l’amour et à la maladie, d’une personne qui était presque endormie dans ses habitudes de vie. Et sa conscience politique et éthique va parallèlement se réveiller, lui permettant également de réfléchir sur ses liens familiaux, notamment avec son frère ministre.

Par certains moments le déroulé de l’intrigue est trop prévisible, s’appuyant de façon trop visible sur l’actualité politique récente, et surfant également sur la vague du bien-être.

Un roman qui aurait mérité d’âtre approfondi, car j’ai trouvé que la transformation psychologique du personnage allait trop vite, parfois à la limite de la caricature. Mais on excuse l’auteur, car c’est un premier roman.

Merci à Masse critique de Babelio et aux éditions Gallimard de m’avoir fait découvrir ce roman de la rentrée littéraire en avant-première.

Un élément perturbateur
Un élément perturbateur
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La vie étoilée d’Ethan Forsythe

Publié le par Doc Bird

« La vie étoilée d’Ethan Forsythe » d’Antonia Hayes, éditions Autrement, collection Autrement Littérature

 

Résumé : Ethan a 12 ans et est passionné d’astronomie et de physique. Les planètes et les étoiles n’ont presque aucun secret pour lui, mais il a du mal à lier des liens avec les jeunes de son âge, surtout depuis l’adolescence, car ces derniers le trouvent « zarbi ». Sa vie va être bouleversée par le retour de son père, qu’il n’a jamais connu, et que sa mère veut tenir à l’écart de lui. Quel lourd secret ses parents lui cachent-ils ?

 

Mon avis : Un récit à plusieurs voix intense et émouvant.

 

On fait la connaissance d’Ethan, jeune garçon surdoué en ce qui concerne l’espace et la physique, mais qui rencontre des difficultés d’adaptation dans la vie au collège, où même son meilleur ami s’éloigne de lui. Depuis toujours, il vit seul avec sa mère, et n’a jamais connu son père. Les années passant, il s’interroge sur ce père dont il ne sait rien, regardant parfois les mains des hommes pour savoir s’il ne pourrait pas le reconnaître. Et voilà que son père fait irruption d’un coup dans sa vie, alors que sa mère voudrait qu’il ne sache rien et n’ait aucune relation avec lui. Il se découvre une passion commune avec lui : la physique. Mais comment nouer des liens avec cet homme inconnu qui a un terrible secret à cacher ?

 

La mère d’Ethan, Claire, ne veut plus jamais avoir à rencontrer Mark, son ex-mari, mais le destin va en décider autrement. Le père de ce dernier est mourant, et Mark va revenir dans la ville de Claire pour le revoir. Il ne va pas pouvoir résister à la tentation de revoir Claire, ainsi qu’à celle de faire connaissance de son fils. En le revoyant, Claire est prise de sentiments ambivalents : elle lui veut toujours de ce qu’il a fait 12 ans auparavant, et en même temps ressent toujours de l’amour pour lui. Et elle a peur pour son fils.

 

C’est au moment où Ethan va avoir un malaise et qu’il va être hospitalisé, que passé et présent vont se cristalliser, et qu’Ethan va partir à la recherche des secrets du passé, tout en explorant les immenses possibilités de son cerveau.

 

Il est impossible d’en dire plus sur ce roman sans trop en dévoiler. Les voix d’Ethan, de Claire et de Mark vont alterner dans ce roman, faisant le lien entre les constellations de l’histoire. Il sera question de secret qu’on se cache même à soi-même, d’enfant surdoué, de maladie, de la difficulté d’être parent, des choix de vie qu’on fait ou qui sont imposés, d’étoiles, de gravité, de passé, de présent, de futur et de pardon. Les révélations sont assez étonnantes, car comme Claire, le lecteur s’est mis à douter par rapport à Mark, et commence à se dire que tout était peut-être faux. Comme le résumé l’indiquait, ce roman est vraiment dans la lignée du « Bizarre incident du chien pendant la nuit » qui mettait en scène un enfant autiste, et qui était surdoué dans un domaine, et de « Nos étoiles contraires » où la maladie était prégnante, mais où l’amour était au centre de l’histoire.

 

Un roman fort, qui fait réfléchir sur les liens familiaux, le pardon, l’amour, et est une véritable invitation à lever la tête vers les étoiles.

 

Merci à Babelio et son opération Masse critique, ainsi que qu’aux éditions Autrement, pour m’avoir fait découvrir ce beau roman.

 

Quelques extraits :

 

- « Avant que votre cerveau ne puisse déchiffrer ce que l’on est en train de vous dire, vous savez que quelque chose ne va pas. Et le temps que vous réagissiez, il est déjà trop tard. Parce qu’une fois que vous avez entendu ces mots, un événement se met en mouvement, à partir duquel tout est bouleversé. »

 

- « Mais peut-être qu’Ethan avait raison au sujet du voyage dans le temps : nous ne pouvons pas changer ce qui s’est déjà produit, mais nous pouvons encore changer le futur. »

La vie étoilée d’Ethan Forsythe
La vie étoilée d’Ethan Forsythe
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Le plus beau reste à venir

Publié le par Doc Bird

« Le plus beau reste à venir » d’Hélène Clément, éditions Albin Michel

 

Résumé : A la mort accidentelle de son père, Raphaël Verdier doit appeler trois personnes qui ont beaucoup compté pour son père, et qui ont reçu son aide il y a quelques années. Leur arrivée va bouleverser le cadre tranquille de sa vie et lui faire se rappeler ses années lycée. Son père avait en effet apporté son soutien à Gustave, Rose et Malllory, trois jeunes différents, mis à l’écart, avec qui Raphaël va passer par toutes les émotions, mais dont il va se séparer après le bac.

 

Mon avis : Ce roman est construit avec des allers-retours entre les années lycée (1996-1999) et l’époque du décès du père de Raphaël, en 2010.

 

Tout commence par le décès de Michel Verdier, ancien professeur au lycée. Son fils se retrouve à devoir écrire son avis de décès, et surtout à téléphoner à trois anciens amis, pris sous l’aile de son père, et avec qui il a coupé les ponts.

 

 A leur arrivée, il va passer par toutes sortes d’émotions, et surtout revenir dans le passé, à la fin des années 90, pendant le lycée. On y découvre alors un Raphaël adolescent, emménageant dans une nouvelle ville, et bien décidé à se faire des amis, loin des années collège et de sa maladie cardiaque qui l’a mis à part des autres et rendu solitaire.

 

Son père, professeur au lycée, remarque trois élèves, Gustave, Mallory et Rose, qui sont à part dans le lycée, voire harcelés, et qui rencontrent des difficultés dans leur vie personnelle. Il leur offre alors les clés d’une grange, endroit où ils pourront se réfugier et préparer leur avenir. Raphaël a aussi le droit de s’y rendre, mais il va devoir pour cela mériter l’amitié du trio, qu’il dédaigne au début.

 

Des liens vont se nouer entre des quatre personnages, mélange d’amitié, d’amour, de respect, de jalousie… Peu à peu, leurs liens vont se resserrer, mais l’univers impitoyable du lycée va faire voler en éclat certains moments précieux que vous découvrirez en lisant ce roman.

 

Du coup, l’émotion est forte quand ils se réunissent à nouveau dix ans après, à l’occasion de la mort de leur mentor, père de Raphaël.

 

J’ai trouvé ce premier roman très bien écrit, les personnages bien campés et l’histoire m’a happé. Je me suis attachée à Gustave, Rose, Raphaël et Mallory, peut-être parce qu’ils ont vécu leurs années lycée environ à la même époque que moi, que la figure du professeur, Michel Verdier, m’a touchée, et que la mort peut réunir des êtres séparés qui vont enfin avoir l’occasion de se retrouver, et peut-être de faire du bien entre eux et autour d’eux.

 

Chaque personnage est intéressant : Gustave et ses rêves de théâtre, et qui subit des moqueries en raison de ses deux mamans, Rose qui est malheureuse dans sa famille qui la rejette, mais qui est une parfaite cuisinière, Mallory qui vit avec son père alcoolique et essaye de le protéger, Raphaël, l’ado qui se perd en cherchant des amis, Michel Verdier, un professeur comme tout le monde en voudrait car il croit en ses élèves, Suzanne Verdier, avec son immense cœur.

 

Le tout sur des airs de Goldman, qui me pousse à dire que ces personnages « changeaient la vie ».

 

A lire pour se faire du bien au moral et croire en la vie, surtout quand tout paraît désespéré, car « le plus beau reste à venir ».

 

Merci à Babelio et son opération Masse Critique, ainsi qu’aux éditions Albin Michel, pour cette belle découverte.

 

Un extrait : « Il sait que la vie est merveilleuse alors la sienne le restera. Le bonheur a des conditions, mais c’est surtout un état d’esprit et personne ne l’a mieux compris que lui. »

 

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Brelin de la lune

Publié le par Doc Bird

« Brelin de la lune » de Kochka, illustration de Charles Dutertre, éditions Oskar

 

Résumé : Brelin n’est pas un enfant tout à fait comme les autres, car il est autiste. Sa passion, c’est la lune qu’il aime bien contempler. Alors, un jour, il va partir en direction de la lune. Comment sa famille va-t-elle pouvoir le retrouver ?

 

Mon avis : Un magnifique album qui met en scène Brelin, un petit garçon né un peu plus tôt que prévu, et qui est marqué du sceau de la lune dès sa naissance.

Mais rapidement, ses parents se rendent compte qu’il ne grandit pas tout à fait comme les autres enfants. Il est autiste. Il y a des moments où il s’amuse à se cacher et à rêver, et d’autres où il fait beaucoup de bruit et de musique. C’est donc difficile à suivre pour son grand frère, mais il l’aime malgré tout énormément. Et le jour où Brelin disparaît, happé par son projet de se rendre sur la lune, son grand frère va devoir se mettre à sa place et réfléchir comme lui pour retrouver ses traces.

 

Un bel album aux couleurs jaune comme la lune et bleu foncé comme la nuit, qui permet de parler de la différence, et de comprendre ce qu’est l’autisme, à hauteur d’enfant.

Brelin n’est pas comme les autres, son trouble autistique peut parfois rendre son comportement pénible en famille, mais il a une fascination pour la lune qui le transporte et lui fait écrire des poèmes. Ce qui est considéré comme une maladie en Europe, est transformé en don de sorcier pour sa grand-mère africaine, permettant de montrer que chacun possède plusieurs facettes, et détient aussi une magie personnelle.

 

Un album plein de douceur et d’émotion toute en retenue, à mettre entre les mains des plus jeunes.

 

Merci à Babelio et son opération Masse critique jeunesse et aux éditions Oskar pour cette belle découverte !

 

Brelin de la lune
Brelin de la lune
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