Les lionnes de Chauvet
L’artiste a besoin de créer parce que rien ne le rend plus heureux. (..) Mais c’est également très généreux de consacrer une part considérable de sa vie à offrir aux autres de l’émerveillement.
Beaucoup d’humains préfèrent un mensonge qui les fascine à une vérité simple et belle.
« Les lionnes de Chauvet » de Sophie Marvaud, éditions 10/18
Résumé : Vers 35 000 avant Jésus-Christ, en Ardèche, Sapiens et Néandertaliens se croisent et se métissent. C’est ainsi que deux amies, Naëlisse et Tizia, élevées ensemble, vont un jour rencontrer des Néandertaliens qui vont devenir leurs compagnons, et les suivre avec leur famille. Des années plus tard, les deux amies sont retrouvées mortes, comme si elles s’étaient entretuées. La fille de Tizia, Yoalna, ne croit pas un instant à cette hypothèse. En remontant l’histoire des deux amies, elle va tenter de reconstituer leur destin et de comprendre ce qui s’est vraiment passé.
Mon avis : C’est le troisième titre de polar préhistorique de Sophie Marvaud que je lis, pour ma plus grande joie ! J’ai découvert cette autrice l’année dernière grâce à un Masse critique Mauvais genre de Babelio avec « La chamane de Lascaux », puis lu il y a peu « Le choc de Carnac ». J’ai eu la joie de recevoir lors du Masse critique de cette année « Les lionnes de Chauvet ». Je remercie d’ailleurs Babelio et les éditions 10/18 pour me l’avoir envoyé !
Je me suis plongée avec plaisir à l’époque où l’homme de Néandertal et l’Homo sapiens se croisent, mais où les néandertaliens vivent leurs derniers moments, leur espèce disparaissant progressivement.
C’est dans ce contexte que deux amies, Naëlisse et Tizia, élevées ensemble, vont être retrouvées mortes, le poignard de l’une dans le cops de l’autre. C’est la stupeur pour les femmes du Clan des Lionnes, surtout pour Yoalna, la fille de Tizia, qui ne comprend pas comment il est possible qu’elles se soient entretuées alors qu’elles étaient amies. Tizia peignait de magnifiques fresques dans la grotte vers le Pont d’Arc, et Naëlisse l’aidait en préparant les outils et les couleurs. Yoalna et le Clan des Lionnes se dispersent, leur lieu étant devenu maudit des Esprits.
Des années plus tard, Yoalna décide de revenir sur les lieux de la grotte, et replonge dans l’histoire des deux femmes, afin de découvrir ce qui s’est réellement passé, et qui les haïssait au point de les tuer et de mettre en scène leur mort.
Les chapitres alternent progressivement entre passé et présent, jusqu’à ce que les deux lignes temporelles se rapprochent et se confondent. En avançant dans l’histoire, de potentiels suspects sont innocentés, tandis que la vérite se rapproche de plus en plus. L’aspect enquête est intéressant, mais sert surtout de prétexte pour nous raconter une histoire à la fois si lointaine et si proche de nous à travers les thématiques abordées : l’amité, l’amour, les relations entre hommes et femmes, la rencontre de l’autre, de ses traditions et de son langage différent, la peur de voir son groupe ou son espèce disparaître, les violences faites aux femmes…
Comme dans les précédents opus, la Préhistoire nous paraît en même temps très moderne, nous renvoyant à l’universalisme de l’humanité, au sacré, à l’art, au besoin de chacun de trouver sa voie et sa place dans le monde. Et le patriarcat commence à monter, les hommes se permettant de décider pour les femmes, de les violenter, et de montrer leur pouvoir.
Plongez à travers ce récit dans le cœur et l’âme de femmes fortes, ainsi que dans l’art pariétal.
Pour ma part, je n’ai jamais visité la grotte Chauvet, ni ne me suis rendue à Vallon Pont d’Arc, mais les photos recherchées sur Internet m’ont permis de me faire une représentation des lieux dans l’esprit, et pourquoi pas, de m’y rendre un jour.
Comme dans ses précédents récits, Sophie Marvaud, a précisé en fin d’ouvrage ce qui relevait de la vérité (pré)historique, et ce qui relevait des hypothèses et de son imagination, auxquelles j’ai totalement adhérées.
Quelques extraits :
Paniquer face au danger le rend encore plus dangereux – je l’ai appris très tôt, comme tous les enfants.
On ne sait jamais quand la vie va s’interrompre, m’a dit un jour ma mère. Quand on a la chance de ne pas mourir à la naissance de son enfant, on doit lui transmettre ses souvenirs importants, sans oublier ses maladresses et ses erreurs.
Chaque joie méritait d’être savourée pleinement, sans se presser, la vie étant trop courte pour en négliger une seule.
C’est très important de se parler quand on ne vit pas de la même façon.
Elle était capable de reconnaître ses erreurs, disant que l’important était d’en comprendre les enseignements.