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Toutes blessent, la dernière tue 

Publié le par Doc Bird

 « Toutes blessent, la dernière tue » de Karine Giebel, éditions Belfond

Cela faisait un bon moment que j’avais entendu parler de cet auteur, et quand j’ai croisé ce titre à la médiathèque, je l’ai tout de suite emprunté !

Mais en lisant le résumé, je ne m’attendais pas à avoir un tel choc avec une plongée dans l’horreur, hélas ordinaire, mais souvent invisible.

Le roman alterne entre le récit de Tama, petite fille arrachée à son pays pour devenir esclave, et celui de Gabriel, qui traque et tue des personnes, et va avoir la surprise de trouver chez lui une jeune inconnue, blessée et amnésique. Puis on entendra ensuite la voix de cette inconnue et celle d’un jeune homme, Izri.

Tama est obligée de quitter le Maroc à huit ans, emmenée par une dame qui a promis à son père qu’en France elle aurait une belle vie, irait à l’école. Mais ce n’est pas du tout le cas, Tama se retrouve dans une famille dans un pavillon de banlieue, enfermée dans la buanderie, et esclave de la famille, levée tôt, s’occupant de tout jusqu’à tard, sans repos, et avec de mauvais traitements. Seul petit échapatoire, s’évader grâce à la lecture, ayant réussi à apprendre à lire seule, avec les livres de la famille. Tout va empirer, et les tentatives et révoltes de Tama pour échapper à cet horrible destin se retournent contre elle. Physiquement, son corps va subir les pires avanies, brûlures, coups, manque de nourriture, attouchements, viols. Quand elle a un peu d’espoir, le destin se charge rapidement de le lui enlever. Elle aura droit à quelques moments de bonheurs, mais toujours le destin se joue d’elle, de ses sentiments.

Gabriel, la cinquantaine, est un assassin et tue méthodiquement des personnes, celles qui sont restées passives face au viol et au meurtre de sa fille. Depuis, il ne vit que par et pour la vengeance. Mais l’arrivé de l’inconnue blessée et amnésique va bouleverser sa vie.

Plus le récit progresse, plus les chapitres se rapprochent du moment présent, et l’inéluctable engrenage de violence se poursuit.

On sent qu’il est important et vital que l’inconnue retrouve ses souvenirs, car la vie d’autres personnes est en jeu.

Ce roman va vraiment au bout de l’horreur et ne nous épargne rien, montrant l’horrible visage de l’esclavage moderne, les sévices physiques et psychologiques subis, les viols, la torture, le tout bien caché au reste du monde.

Une plongée dans l’horreur à l’état pur, vécue hélas par de nombreuses jeunes filles, vendues par leurs parents pensant qu’elles auraient une vie meilleure, et montrant le cercle sans fin de la violence.

Un roman intense et bouleversant.

Un extrait :

 A chaque livre, j’ai l’impression qu’une porte s’ouvre quelque part dans ma tête. Les verrous cèdent, les uns après les autres. Un livre, c’est comme un voyage, dans l’espace ou le temps. Dans l’âme des hommes, dans la lumière ou les ténèbres. 

Avec ce roman, je participe au challenge de Dasola sur les épais de l'été 2023 : http://dasola.canalblog.com/archives/2023/06/10/39921971.html

Toutes blessent, la dernière tue 

Publié dans Lecture-adultes

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Neuf parfaits étrangers

Publié le par Doc Bird

« Neuf parfaits étrangers » de Liane Moriarty, éditions Albin Michel

Ils sont neufs à s’être inscrits à une cure au Tranquillum House, chacun avec des objectifs différents : maigrir, renouer avec le succès, lâcher-prise, aller mieux, oublier les malheurs… Ils pensent qu’ils vont effectuer une cure traditionnelle, avec yoga, smoothie et méditation, et passer du bon temps. Mais rien ne se passe vraiment comme ils l’avaient imaginé…

Car dès le début, ils découvrent qu’ils vont devoir commencer par se taire pendant cinq jours, lors du noble silence, et ne pas se regarder les uns les autres ou se toucher. Ce qui est très difficile ! Les journées s’enchaînent ensuite sur le même rythme : lever tôt, méditation taï chi, yoga, temps libres, smoothies et repas légers, le tout en silence….

Si cela semble très difficile au début, et que certains trichent, cela fait finalement remonter des émotions en chacun. D’autant plus que Masha, qui dirige le centre, les reçoit pour discuter avec eux, et entamer une thérapie. Car Masha est persuadée qu’elle va pouvoir permettre le changement radical et durable chez chacun, à coups d’innovations et de tests grandeur nature s’il le faut.

D’ailleurs ce qui ressemblait au départ à une retraite classique va progressivement prendre un autre ton au moment où chacun est invité à reprendre la parole, après le silence des jours précédents. Les neufs curistes se retrouvent dans une même pièce, et là tout dérape…

J’ai passé un moment jubilatoire en lisant ce roman, qui présente une galerie de personnages hauts en couleurs, et en même temps profondément humains, tout en égratignant le mythe des cures qui changent la vie des clients.

Frances, femme qui entame la ménopause avec difficulté à la cinquantaine à cause des bouffées de chaleur, romancière sur le déclin, et victime du mirage de l’amour, Ben et Jessica jeunes bobos qui ont vu changer leur vie du jour au lendemain avec l’argent, et qui semblent se perdre, Napoléon, Heather et Chloé qui cachent un douloureux secret et ne vivent plus depuis la mort de leur fils et frère, Carmel qui refuse son corps depuis que son mari l’a quittée, Lars qui vit en couple avec Ray mais refuse d’avoir un enfant avec lui, et Tony, ancienne star du foot australien. Et il y a aussi Yao, ancien secouriste qui seconde Masha, la directrice du centre, qui lui est dévoué corps et âme, et enfin Masha, magnifique femme qui a repris sa vie en main radicalement et est persuadée qu’elle peut changer les autres pour aller mieux, quels que soient les moyens utilisés.

En lisant ce roman, on passe par différentes émotions : le rire, l’incrédulité, la tristesse, la joie, l’empathie, mais aussi l’angoisse quand l’histoire commence à prendre un ton de thriller. J’ai eu l’impression que l’auteur en profitait pour se moquer gentiment des gens qui sont prêts à dépenser une fortune pour faire une retraite dans un endroit perdu, avec sa parodie d’un centre de retraite vipassana où le silence est obligatoire, et se fait se rencontrer soi-même ou devenir fou, surtout si le centre commence à se jouer de ses clients.

Un bon moment de divertissement avec une belle galerie de personnages.

Avec ce roman, je participe au challenge de Dasola sur les épais de l'été 2023 : http://dasola.canalblog.com/archives/2023/06/10/39921971.html

Neuf parfaits étrangers

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Une nuit de mon enfance

Publié le par Doc Bird

« Une nuit de mon enfance » de Gaël Aymon, éditions Nathan

Résumé : A 17 ans, Aurore est marquée par le drame de se son enfance : elle a failli se noyer et la personne qui l’a sauvée est morte. Alors elle décide de retrouver Trevor, le fils de la victime, pour essayer de surmonter son traumatisme et sa culpabilité. Mais elle va découvrir d’autres secrets douloureux…

Mon avis : Merci à Babelio et aux éditions Nathan de m’avoir proposé ce roman lors d’un Masse critique spécial. Il paraît en librairie demain, le 6 juillet.

On y fait la connaissance d’Aurore, 17 ans, qui a arrêté ses études, s’est émancipée, et a un boulot dans une école. Elle se tient le plus loin possible de sa famille, et de sa sœur aînée, car elle a l’impression d’avoir été abandonnée et se sent coupable de ce qui est arrivé lorsqu’elle était petite. Décidée à dépasser ce traumatisme, elle décide de partir à la recherche de Trevor, le fils de l’homme qui l’a sauvée et s’est noyé. Elle pense pouvoir ainsi aller mieux et de l’avant.

Elle fait la connaissance d’un jeune homme à la voix d’or, qui semble vivre uniquement lorsqu’il chante, mais peut se révéler froid et distant le reste du temps, comme si lui aussi était resté bloqué sur cette nuit tragique.

En fouillant dans le passé, et en retrouvant des bribes de mémoire qu’elle va interpréter avec son regard d’adulte, Aurore va alors découvrir que certains secrets peuvent en cacher d’autres, encore plus horribles et difficiles à surmonter.

J’ai beaucoup aimé ce roman à l’écriture poétique qui remonte dans l’enfance sous forme d’un conte, pour mieux laisser transparaître les émotions à fleur de peau, et le regard d’une Aurore jeune qui croyait aux contes et au merveilleux. Contrairement à ce qui était annoncé sur la quatrième de couverture, je ne qualifirais pas ce roman de thriller psychologique, mais plus de plongée dans la noirceur des hommes, leurs conséquences traumatisantes qui peuvent détruire toute une famille, des non-dits douloureux, et d’enfants dépasssés par leur souffrance et réagissant au mal qui leur est fait à leur façon…

Un roman douloureux et qui donne en même temps espoir, montrant le long chemin vers une possible reconstruction. Un beau mélange de poésie, de contes et de noirceur de la réalité.

Un extrait : 

Les adultes pouvaient donc faire du mal, agir avec violence. Alors, comment leur faire confiance ? De quoi étaient-ils capables, au fond ? Quelle part d’ombre les habitait tous ?

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Inventer des rituels contemporains pour vivre dans un monde incertain

Publié le par Doc Bird

« Inventer des rituels contemporains pour vivre dans un monde incertain » de Thierry Jansen, éditions Guy Trédaniel

Je tiens tout d’abord à remercier Babelio et les éditions Guy Trédaniel pour m’avoir envoyé ce livre lors du dernier Masse critique. Il a été écrit par Thierry Jansen, psychothérapeute qui a fondé en Belgique l’Ecole de la Posture juste. Ancien chirurgien, son approche met le lien entre entre le corps et la conscience.

A une époque où les conflits mondiaux s’enflamment, le réchauffement climatique bouleverse nos certitudes sur le monde, Thierry Jansen propose de permettre à chacun de créer des rituels qui permettent de se rassurer et de s’adapter à ce monde mouvant.

Il commence d’ailleurs par nous expliquer que l’idée de ce livre lui est venue après le Covid, époque très stressante où rien n’était sûr, et pendant laquelle il a proposé via Facebook des méditations guidées qui ont permis à des milliers de gens de se sentir mieux, connectés aux autres via ce rituel régulier.

Il nous explique que l’humain a besoin de la force de rites et de rituels pour se sentir appartenir à une communauté, affronter les étapes et les épreuves de la vie, car le cerveau humain a besoin de sécurité et de stabilité. En expliquant à quoi servent rites et rituels, en en présentant certains issus des traditions et religions, il nous propose aussi de créer nos propres rituels qui correspondent à nos besoins, en y mettant notre corps et notre conscience, et en laissant notre intuition nous guider pour les inventer.

Un livre qui fait réfléchir et peut aider à oser créer ses propres rituels.

Quelques extraits :

la seule spiritualité qui compte est celle qui est incarnée, manifestée dans des actions concrètes à travers le corps

Prendre un moment, sacraliser le temps en lui donnant l’importance de l’intention qui motive notre démarche, revenir à nous-même

Nos existences sont emplies d’habitudes qui, conscientisées, peuvent devenir de petits rituels quotidiens.

Nous devrions nous demander quelles sont nos préoccupations et quels sont nos besoins dans notre vie personnelle, dans notre vie en communauté, par rapport à notre environnement.

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Beignets de tomates vertes

Publié le par Doc Bird

« Beignets de tomates vertes » de Fannie Flagg, éditions J’ai lu

J’avais déjà lu « Miss Alabama et ses petits secrets », et je me suis laissée tenter par « Beignets de tomates vertes », dont j’avais entendu parler en bien.

Et j’ai bien fait de lire ce roman, qui est à la fois une saga familiale et amicale de la ville de Whistle Stop, proche d’Alabama, et une chronique de l’histoire de l’Amérique profonde.

Tout commence avec Evelyn, la cinquantaine, qui accompagne son mari venu voir sa mère en maison de retraite. Elle va y faire la rencontre de la vieille Ninny, qui adore raconter des moments de son passé, et va faire renaître sous nos yeux toute une époque, et va oser faire bouger les lignes pour Evelyn, la faisant sortir de la déprime et prendre sa vie en main.

Les chapitres alternent entre des moments du passé, des articles de la gazette locale, des confidences de Ninny, et des réflexions et actions d’Evelyn.

L’histoire nous transporte à Whistle Stop, avec le café de la ville, centre de tous les récits de Ninny. On va va y croiser des personnages truculents et hauts en couleurs, des joies, des peines et des grosses douleurs : des femmes amoureuses, un mari violent, des vies dures, la condition des noirs…

Un roman passionnant qui est à la fois doux amer et rassénérant, redonnant le moral malgré tout et appelant à profiter de la vie. Une jolie pépite !

Un extrait : 

Mais je vais vous dire une chose : on ne peut pas longtemps s’attrister sur son propre sort, sinon c'est comme un cancer, sauf que ce n’est pas votre foie ou vos poumons qui pourrissent, mais votre âme.

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Les vieux fourneaux, 6. L’oreille bouchée 

Publié le par Doc Bird

« Les vieux fourneaux, 6. L’oreille bouchée », scénario de Wilfrid Lupano, dessin de Paul Cauuet, couleurs de Jérôme Maffre, éditions Dargaud

Résumé : Pierre et Antoine sont invités par Mimile en Guyane, ce qui est loin de ravir Pierre qui va détester la nature, les moustiques, la pluie… Mais ils vont aussi participer à de bonnes actions, par suprise !

Mon avis : J’adore cette série avec nos héros âgés, mais loin d’avoir la langue dans leur poche, et faisant le plein d’aventures.

Et là, ils vont être servis, car Mimile leur envoie une invitation mystérieuse pour la Guyane. Autant Antoine est enchanté, autant Pierre ne va pas arrêter de râler contre la nature trop naturelle, les moustiques trop piquants, la pluie trop forte, ou les singes trop envahissants. Mais nos amis auront l’occasion de renouer avec leur passé de pirates, sur les planches, comme dans la vraie vie.

Leur voyage va être ponctué de rencontres mêlant passé et présent, et ils vont contribuer à de bonnes actions et continuer à être activistes.

Un vrai régal que de lire ce tome 6, avec un titre qui fait immédiatement sourire, car faisant référence à Tintin, et des aventures bourrées d’humour, mais sans oublier une part de réflexion sur la vie et l’action de l’homme. A lire !

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Créer sa santé durable

Publié le par Doc Bird

« Créer sa santé durable » de Josette Dall’ava-Santucci, éditions Entremises, collection Psychologie & développement personnel

J’ai reçu ce livre dans le cadre du Masse critique Non-Fiction, et je remercie Babelio et les éditions Entremises pour l’envoi.

L’autrice est professeur de médecine, et donne des conférences sur le thème du bien vieillir. L’ouvrage propose de donner des pistes pour vivre longtemps et viellir en bonne santé, car certes l’espérance de vie augmente, mais mieux vaut vivre le plus longtemps possible en bonne santé.

Pour cela, Josette Dall’ava-Santucci propose trois pistes bien connues qui sont de vivre en harmonie avec les rythmes (bien être), de faire de l’exercice (bien bouger) et de manger sainement (bien manger). Ces trois piliers sont bien connus, et elle donne des idées concrètes pour les mettre en pratique, entremêlant le tout de réflexions de médecins ou de philosophes.

J’avoue avoir été un peu déçue de cet ouvrage, car la quatrième de couverture semblait promettre un texte dense et proposant des références scientifiques. Or, le texte est très court, environ 80 pages, et reprend des conseils bien connus de tous.

J’ai été gênée par l’absence de références scientifiques, car elle fait référence à des enquêtes, tests… mais sans les nommer.

Par ailleurs, le livre est paru en 2021, mais j’ai ressenti l’impression qu’il avait été écrit bien avant sans être retouché, car il est fait référence au nutriscore sans le nommer, et il est dit que c’est un projet rangé dans les tiroirs, alors qu’il existe depuis un certain temps, même si toutes les marques ne l’appliquent pas.

Au final, je pense que ce livre est plutôt destiné à une découverte des moyens de rester en bonne santé, en étant à l’écoute de son corps et en prenant en compte ses rythmes et ses besoins, en faisant 30 minutes d’exercices quotidiens, et d’autres moments d'exercices plus intenses, en privilégiant des aliments sains, en évitant le sucre, et s’inspirant du régime méditerranéen. Par-contre, quand on connaît déjà ces moyens, on reste un peu sur sa faim.

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Les lionnes de Chauvet

Publié le par Doc Bird

L’artiste a besoin de créer parce que rien ne le rend plus heureux. (..) Mais c’est également très généreux de consacrer une part considérable de sa vie à offrir aux autres de l’émerveillement.

Beaucoup d’humains préfèrent un mensonge qui les fascine à une vérité simple et belle. 

« Les lionnes de Chauvet » de Sophie Marvaud, éditions 10/18

Résumé : Vers 35 000 avant Jésus-Christ, en Ardèche, Sapiens et Néandertaliens se croisent et se métissent. C’est ainsi que deux amies, Naëlisse et Tizia, élevées ensemble, vont un jour rencontrer des Néandertaliens qui vont devenir leurs compagnons, et les suivre avec leur famille. Des années plus tard, les deux amies sont retrouvées mortes, comme si elles s’étaient entretuées. La fille de Tizia, Yoalna, ne croit pas un instant à cette hypothèse. En remontant l’histoire des deux amies, elle va tenter de reconstituer leur destin et de comprendre ce qui s’est vraiment passé.

Mon avis : C’est le troisième titre de polar préhistorique de Sophie Marvaud que je lis, pour ma plus grande joie ! J’ai découvert cette autrice l’année dernière grâce à un Masse critique Mauvais genre de Babelio avec « La chamane de Lascaux », puis lu il y a peu « Le choc de Carnac ». J’ai eu la joie de recevoir lors du Masse critique de cette année « Les lionnes de Chauvet ». Je remercie d’ailleurs Babelio et les éditions 10/18 pour me l’avoir envoyé !

Je me suis plongée avec plaisir à l’époque où l’homme de Néandertal et l’Homo sapiens se croisent, mais où les néandertaliens vivent leurs derniers moments, leur espèce disparaissant progressivement.

C’est dans ce contexte que deux amies, Naëlisse et Tizia, élevées ensemble, vont être retrouvées mortes, le poignard de l’une dans le cops de l’autre. C’est la stupeur pour les femmes du Clan des Lionnes, surtout pour Yoalna, la fille de Tizia, qui ne comprend pas comment il est possible qu’elles se soient entretuées alors qu’elles étaient amies. Tizia peignait de magnifiques fresques dans la grotte vers le Pont d’Arc, et Naëlisse l’aidait en préparant les outils et les couleurs. Yoalna et le Clan des Lionnes se dispersent, leur lieu étant devenu maudit des Esprits.

Des années plus tard, Yoalna décide de revenir sur les lieux de la grotte, et replonge dans l’histoire des deux femmes, afin de découvrir ce qui s’est réellement passé, et qui les haïssait au point de les tuer et de mettre en scène leur mort.

Les chapitres alternent progressivement entre passé et présent, jusqu’à ce que les deux lignes temporelles se rapprochent et se confondent. En avançant dans l’histoire, de potentiels suspects sont innocentés, tandis que la vérite se rapproche de plus en plus. L’aspect enquête est intéressant, mais sert surtout de prétexte pour nous raconter une histoire à la fois si lointaine et si proche de nous à travers les thématiques abordées : l’amité, l’amour, les relations entre hommes et femmes, la rencontre de l’autre, de ses traditions et de son langage différent, la peur de voir son groupe ou son espèce disparaître, les violences faites aux femmes…

Comme dans les précédents opus, la Préhistoire nous paraît en même temps très moderne, nous renvoyant à l’universalisme de l’humanité, au sacré, à l’art, au besoin de chacun de trouver sa voie et sa place dans le monde. Et le patriarcat commence à monter, les hommes se permettant de décider pour les femmes, de les violenter, et de montrer leur pouvoir.

Plongez à travers ce récit dans le cœur et l’âme de femmes fortes, ainsi que dans l’art pariétal.

Pour ma part, je n’ai jamais visité la grotte Chauvet, ni ne me suis rendue à Vallon Pont d’Arc, mais les photos recherchées sur Internet m’ont permis de me faire une représentation des lieux dans l’esprit, et pourquoi pas, de m’y rendre un jour.

Comme dans ses précédents récits, Sophie Marvaud, a précisé en fin d’ouvrage ce qui relevait de la vérité (pré)historique, et ce qui relevait des hypothèses et de son imagination, auxquelles j’ai totalement adhérées.

Quelques extraits :

Paniquer face au danger le rend encore plus dangereux – je l’ai appris très tôt, comme tous les enfants.

On ne sait jamais quand la vie va s’interrompre, m’a dit un jour ma mère. Quand on a la chance de ne pas mourir à la naissance de son enfant, on doit lui transmettre ses souvenirs importants, sans oublier ses maladresses et ses erreurs.

Chaque joie méritait d’être savourée pleinement, sans se presser, la vie étant trop courte pour en négliger une seule.

C’est très important de se parler quand on ne vit pas de la même façon.

Elle était capable de reconnaître ses erreurs, disant que l’important était d’en comprendre les enseignements.

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Le choc de Carnac

Publié le par Doc Bird

« Le choc de Carnac » de Sophie Marvaud, éditions 10/18, collection Grands détectives

Résumé : A Carnac, vers 4700 avant J.C., cohabitent trois peuples : les Cultivateurs, qui souhaitent étendre leur territoire, les Pêcheurs au bord de la côte, et les Nomades, qui vivent dans la forêt. Le meurtre d’un commerçant voyageur va mettre le feu aux poudres dans leur fragile entente. Seules trois femmes issues des différentes communautés s’interposent et veulent enquêter sur le meurtre avant de hâtives conclusions.

Mon avis : Après « La Chamane de Lascaux », que j’avais beaucoup apprécié, j’ai croisé en librairie ce titre de la même autrice, que j’ai eu aussitôt envie de lire.

Le mélange de préhistoire et de polar est toujours aussi intéressant, et le meurtre, comme dans le précédent roman, sert aussi de prétexte à une description des possibles mœurs et coutumes des différentes sociétés qui coexistaient au moment du passage au Néolitique.

En s’appuyant sur diverses sources et en faisant bien sûr preuve d’imagination, Sophie Marvaud nous propulse à une époque où les Cultivateurs, qui travaillent la terre, souhaitent agrandir leur territoire en raison de la démographie galopante, et pour cela, ils ont besoin de faire brûler la forêt, où vivent les Nomades, derniers descendants des chasseurs-cueilleurs qui vivent en harmonie avec la nature, prélevant uniquement ce dont ils ont besoin. Ils sont encore assez proches des Pêcheurs, même si ceux-ci commencent à donner bien plus de place aux hommes qu’aux femmes, qui doivent de contenter de faire vivre la maison, s’occuper des enfants, et doivent être soumises aux hommes.

On assiste dans ce roman au basculement vers l’époque du Néolitique, où les hommes et le masculin commencent à prendre le dessus sur le féminin, où les chamanes commencent à être remplacés par des prêtres et des guérisseurs, et où la guerre et les premières exterminations de masse vont apparaître.

C’est dans ce contexte que trois femmes, issues des trois peuples, vont s’unir pour tenter de résoudre un meurtre qui remet en question les relations entre leurs communautés.

La Vivace, des Cultivateurs, découvre à la quarantaine son envie de bouger et de découvrir d’autres horizons ; Lynx, des Nomades, va tomber amoureuse d’un Pêcheur, mais va aussi se demander si elle va être capable d’accepter l’autorité des hommes, elle qui a été élevée en femme libre ; et enfin Paruline, des Pêcheurs, veut tout faire pour cacher des informations sur les enfants de la famille.

Ce roman est une de fois de plus une réussite, avec son savant mélange de préhistoire et de polar. C’est aussi une belle invitation à repecter la planète et la nature.

Au fur et à mesure des chapitres, on se rend compte que le meurtre du commerçant relève d’enjeux bien différents de ce qu’on aurait pu penser, et on assiste à l’émergence d’une société plus violente et patriarcale.

Et aussi, l’autrice avance une hypothèse intéressante sur l’utilisation des fameux alignements de Carnac.

Un second roman que je conseille vivement !

Quelques extraits :

La véritable richesse du commerçant ne consistait pas en objets précieux, mais dans sa connaissance précise de qui plaisait à chaque peuple.

 elle pouvait encore savourer… la musique des arbres. Elle venait de remarquer que les petites feuilles printanières du châtaignier chuchotaient. Celles du bouleau émettaient un soupir. Celles du chêne semblaient doucement applaudir. Quant à celles du houx, elles grinçaient sous les coups de vent…

Depuis son second départ de Dernier-Mont, elle semblait emportée par la peur, comme une feuille morte bousculée par le vent : peur de l’abandon, peur de mourir, peur de l’injustice, peur d’être ensorcelée, peur de la montée brutale de l’Océan, peur de l’assassinat d’un nouveau-né…

 Les Esprits, qui devaient se faire discrets sur les terres des Cultivateurs, gardaient toute leur force là où la liberté existait pour les plantes, les animaux et les humains, là où la terre était nourricière à sa façon, là où la pluie et le soleil se succédaient sans être implorés sans cesse, là où les humains écoutaient la nature au lieu de vouloir lui imposer sa loi.

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Le tigre des neiges, 4

Publié le par Doc Bird

« Le tigre des neiges, 4 » d’Akiko Higashimura, éditions Le Lézard noir

Résumé : Les vassaux commencent à prendre partie pour Harukage ou Kagetora, et arrive alors le risque que l’un des deux frère et sœur se fasse assassiner par un partisan de l’autre. Il va alors falloir faire des choix.

Mon avis : Dans ce tome 4, Tora va se retrouver à faire des choix tactiques et politiques.

Elle comprend que son frère pourrait être assassiné par un de ses propres partisans, et elle ne souhaite pas sa mort. Elle décide alors d’une rencontre, et va proposer, après réflexion et écoute de différents soutiens, de proposer à son frère une retraite anticipée pour qu’elle prenne le pouvoir. Mais ce dernier acceptera-t-il ?

Par ailleurs, en voulant connaître le seigneur Harunobu, elle va ressentir de la peur en le croisant dans des bains chauds, nue et seule, et se sentant menacée…

Tora va faire preuve de diplomatie et de stratégie dans ce tome 4, et va devoir faire des choix difficiles. En même temps, elle va découvrir pour la première fois sa vulnérabilité.

Une série toujours aussi passionnante !

Un extrait : 

De tout temps, la guerre a consisté à se duper les uns les autres !! Quand on veut tromper l’ennemi, on commence par sa famille !!

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