Sialimar
« Sialimar » de Emad Jarar, éditions Iggy Book
J’ai reçu ce roman lors d’un Masse Critique spécial qui me proposait de le lire. Je remercie d'ailleurs Babelio et l'auteur de me l'avoir proposé.
Il s’agit d’un roman d’anticipation, l’histoire se passant en 2032, dans un état imaginaire, la Romagnie, où vit Elyas, qui travaille dans le milieu de la banque, réside dans la capitale, se pense athée, mais d’origine musulmane, s’est marié avec Sophia, une femme de Romagnie, avec qui il a eu deux enfants. Il ne s’interroge guère sur sa vie et sa spiritualité, se pensant libre penseur, capable de toujours avoir le dernier mot avec ses arguties, satisfait de sa vie actuelle. Il a réussi dans la vie en quittant sa famille et ses origines à Sialimar, a monté les échelons de la société, s’est bien intégré, jusqu’à devenir ce qu’il est actuellement. Il parle parfois religion avec son chauffeur, Brahim, qui accepte le Coran comme une vérité, même s’il ne comprend pas tout.
Mais sa vie va changer radicalement le jour où il apprend l’assassinat de sa cousine, qu’il n’avait jamais revu depuis son départ, possiblement tuée pour ses convictions religieuses. En allant à son enterrement, il renoue le lien avec son oncle et son cousin, et avec ses origines. Il va alors être profondément remué, et se rallier à la cause musulmane en Romagnie.
Je dois dire que j’ai eu beaucoup de mal à me mettre à la lecture du roman, car je m’attendais à un récit de fiction, et le début ressemble plutôt à un essai qui met en avant les différents courants de pensée au sein de la communauté musulmane, et met en avant la violence liée au Coran. Le récit commence ensuite, mais sans beaucoup d’action, même s’il y en a quand même à certains moments, notamment vers la fin du récit.
On est plutôt confronté aux idées d’Elyas, son introspection, ses réflexions autour de la religion musulmane, du Coran, de sa vision politique sur la Romagnie qui a accueilli beaucoup d’immigrés musulmans, leur a offert des aides, et se retrouve confrontée à l’intégrisme.
Et c’est d’ailleurs ce qui rend son revirement complet totalement étonnant, il semble finalement lié pied et poings à ses racines, comme s’il était impossible de pouvoir se défaire des ses origines. La mort de sa cousine semble avoir été le déclencheur, comme s’il se sentait coupable, et qu’il ne voit d’autre avenir que dans l’aide à sa famille qu’il a quittée et qu’il souhaite aider dans sa volonté d’indépendance en Romagnie, quitte à perdre la famille qu’il a fondée.
Et apparaît aussi dans le récit Safia, son amour de jeunesse, qui elle aussi s’est engagée dans la cause, montrant en filigrane l’importance de la femme, qui peut faire évoluer les choses.
L’écriture de l’auteur est très littéraire, et j’ai vraiment trouvé touchant que ce dernier, dans sa lettre de présentation jointe à l’envoi, s’excuse par avance des coquilles qu’il a corrigées manuellement, ce qui représente un gros travail.
En conclusion, voici un roman qui tient parfois plus de l’essai, et qui demande un bon niveau de concentration, permettant de réfléchir sur la question de la religion musulmane, l’intégrisme, l’intégration, la liberté de penser….