Une fille de…

« Une fille de… » de Jo Witek, éditions Actes sud junior, collection D’une seule voix
Résumé : Hanna court des dizaines de kilomètres plusieurs fois par semaine. C’est le seul moment où elle se sent forte, loin du jugement des autres. Car elle est la fille d’une prostituée ukrainienne, et la vie est difficile avec le regard des gens sur elle. Alors un espoir dans sa vie lui fait décider de raconter son histoire.
Mon avis : Les titres de la collection « D’une seule voix » sont toujours percutants, et « Une fille de… » ne fait pas exception.
La plume de Jo Witek rend bien la douleur de Hanna, ainsi que sa rage et sa volonté de pouvoir mener une vie comme tout le monde.
Chaque chapitre est comme un coup de poing, permettant à Hanna de libérer la parole, et d’oser partager son ressenti. Car une chose a changé : Hanna est amoureuse, et veut dire la vérité à ce garçon qu’elle aime, afin de bâtir une relation saine, sans mensonges.
Depuis toute petite, Hanna a compris que sa mère n’avait pas un métier comme les autres, et a ressenti la désapprobation des gens qui connaissaient le métier de sa mère.
Elle se bat pour faire reconnaître ce qu’elle pense, et montre combien les sous-entendus, comme les insultes, peuvent être source de souffrance.
Elle décrit l’engrenage infernal dans lequel sa mère est tombé, et combien elle l’admire d’avoir réussi à l’éduquer, et à lui faire mener une vie (presque) normale.
Une histoire forte, qui permet de mettre des mots sur les maux, et engage le lecteur à réfléchir sur son attitude, les mots qu’il peut employer. Un récit à lire à voix haute, et qui peut servir à entamer un débat, loin des idées reçues, et en comprenant ce qui peut être ressenti de l’intérieur.
Un passage :
Je ne trouve pas de réponse, alors je pars courir.
Un instinct. Ma sauvagerie à moi.
Courir pour gagner ma dignité. Courir pour me sentir unique sur terre. Courir pour exister. Me forger un moral de championne, un corps solide, musclé, entraîné. Un corps qu’on ne piétine pas. Qu’on n’avilit pas. Qu’on ne dompte pas. Courir pour que mon corps n’appartienne qu’à moi. Que mes désirs n’appartiennent qu’à moi. Courir pour marcher librement sans me soucier du regard des autres, sans dépendre du regard des autres, et surtout pas celui des hommes. J’avais trouvé ma parade : courir, cacher ma vie privée, et étudier le plus possible sans me faire remarquer. Tel était mon salut. La seule façon de me protéger de la cruauté des gens envers les enfants de prostituées.
Et voici le lien vers l'avis de Manou, qui m'a donné envie d'emprunter ce livre à la médiathèque :
http://www.bulledemanou.com/2018/12/une-fille-de/jo-witek.html