Boxap 13-07

« Boxap 13-07 » d’Amalia et Anastasio, éditions Scrineo
Résumé : Sur une planète Terre dévastée par la surexploitation et la surconsommation humaine, les hommes vivent dans une cité, enfermés chacun dans un minuscule appartement, et vivant sans contact véritable avec les autres, seulement de manière virtuelle. Ce monde est régi par des codes et des habitudes que tous acceptent, vivant à travers la consommation. Parmi eux, Aïleen est une jeune femme ambitieuse à travers son avatar Aîko, elle souhaite grimper les échelons de la société. Mais elle va aussi découvrir l’envers du décor…
Mon avis : J’ai reçu ce roman dans le cadre d’un Masse critique spécial, et je remercie Babelio et les éditions Scrineo pour cet envoi.
Ce roman a été écrit à quatre mains par deux auteurs qui se sont inspirés des dérives de notre vie quotidienne avec une omniprésence des nouvelles technologies, et ont imaginé un monde futur qui pourrait être une dérive de notre monde actuel. Ils se sont également inspirés de la série « Black Mirror », où les hommes vivent dans une société dominée par les technologies et où chacun se trouve surveillé. Ici, les humains ont quasiment détruit l’intégralité de la planète, en pillant ses ressources au service d’une surconsommation excessive.
Dans ce monde, les humains n'ont plus de contact réel, tout est virtuel, et se passe par écrans interposés qui donnent l’illusion de la réalité. D’ailleurs, plus personne n’interroge cette vision de la vie, et chacun vit dans son monde virtuel sans se poser vraiment de question.
Aïleen, par l’intermédiaire de son avatar Aîko, est employée dans une usine, et a le comportement « consotoyen » modèle, car elle veut gravir les échelons de la société et pouvoir obtenir un poste avec plus de responsabilités, et donc plus d’avantages, comme un « boxap » (appartement) plus grand, et plus d’options possibles pour sa vie virtuelle.
Le jour où elle obtient enfin sa promotion de « blockmanager » (surveillante du bloc d’immeuble où elle vit), elle découvre avec stupeur que le monde qu’elle connaissait jusque-là est en fait truffé de mensonges, et que la réalité est beaucoup moins jolie que ce qu’elle imaginait.
Cette prise de conscience va l’amener à commencer à douter et à réfléchir par elle-même. Surtout qu’il semblerait qu’il existe des humains qui vivent en dehors de la cité, dans la nature…
Ce roman futuriste et dystopique est un coup de cœur, car il met en avant les dérives possibles d’une société hyper-virtuelle, où l’homme a perdu le contact avec la véritable nature, et avec ses semblables, et où consommer est la seule raison de vivre.
Tout comme les rares hommes qui vivent à l’extérieur de la cité, on découvre avec stupeur et crainte cette société devenue inhumaine, dominée par les relations virtuelles, où chacun vit enfermé chez soi, enfermé dans sa propre bulle, et où seuls les robots circulent. Cet avenir fait froid dans le dos, mais pourrait bien devenir une réalité, l’homme étant poussé à toujours consommer, sans penser à la préservation de la planète, et acceptant passivement les évolutions technologiques qui lui font parfois perdre pied avec la réalité.
L’héroïne, Aïleen, va découvrir ce que cache cette société idéale, et va commencer à réfléchir par elle-même. Ce sera la début d’une transformation, et de la volonté de se révolter.
Au début, il m’a été un peu compliqué de rentrer dans le récit, notamment à cause des mots utilisés dans la nouvelle société, dont il fallait lire la définition dans le lexique en fin d’ouvrage, mais rapidement, je m’y suis faite. D’ailleurs plein de mots font référence à nos technologies et réseaux sociaux actuels.
Un livre que je recommande, qui permet de réfléchir au sens que chacun veut donner à sa vie, et à la société dans laquelle il souhaite vivre : une société sans danger, où tout est décidé pour soi, et où l’homme n’a plus à réfléchir mais à consommer, ou une société plus respectueuse de la nature, et où les relations humaines priment ?
La fin est ouverte, et laisse la place à l’imagination du lecteur, ou peut-être à un deuxième tome ?
Quelques extraits :
On savait faire disparaître tout malaise, il suffisait de consommer (…). Aujourd’hui, Aïleen en avait assez des simulacres : elle voulait un vrai changement.
Je pense que ces gens cherchent le bonheur là où il n’est pas : ils ont sans cesse besoin de nouveaux objets. S’ils s’arrêtent, leur système s’écroule.
On peut souffrir tous les jours et s’habituer à cette souffrance. Et quand la peur devient la meilleure amie de l’habitude, même si quelqu’un court à sa perte, il continue dans ce qu’il connaît, jusqu’au bout.