Celle qui parle
« Celle qui parle » de Alicia Jaraba, éditions Bamboo, collection Grand Angle
Cap sur un mélange d’histoire et de légende avec cette BD, reçue dans le cadre d’un Masse critique spécial de Babelio et des éditions Bamboo, que je remercie.
Elle met en avant Malinalli, la fille d’un cacique (chef) d’un village, qui va se retrouver vendue comme esclave à un autre cacique, travaillant dans les champs, puis devenant ensuite une des concubines du cacique. Elle décide d’apprendre la langue maya, qu’elle ne connaissait pas, afin de pouvoir communiquer et de comprendre ce qui se dit.
Lorsqu’arrivent des navires avec à son bord Hernan Cortez, son don des langues lui vaut d’être repérée, afin qu’elle joue le rôle d’interprète entre Cortez et les différents interlocuteurs locaux. Elle deviendra la Malinche, celle qui parle, et qui donc joue dans les décisions, car elle a le pouvoir de la parole dont seuls les hommes disposaient.
Elle veut à la fois aider son peuple qui est dominé par les Mexicas, mais va aussi vite se rendre compte que Cortez et ses hommes ont soifs de richesse et de domination, tous peuples confondus, et qu’ils veulent détruire leurs traditions et leurs croyances. Certains penseront qu’elle a été une traître par rapport à son peuple.
J’ai trouvé cette BD très intéressante, car l’autrice a décidé de combler les nombreux blancs et mystères qui entourent la vie de Malinalli, en ajoutant sa sensibilité féminine pour une histoire surtout transmise et véhiculée par les hommes.
Elle montre une jeune fille, puis une femme, qui essaie de faire au mieux en fonction de son cœur et de ses convictions, mais qui va aussi faire des erreurs, qui subit beaucoup dans un monde dominé par les conflits et par les hommes. Les femmes n’ont pas une vie facile, souvent esclaves de leur compagnon, devant obéissance et accepter les relations sexuelles imposées.
Alicia Jarara en fait le portrait d’une femme forte malgré ses hésitations, qui ose parler et dire non. Une BD qui met en avant le sort réservé aux femmes, et qui montre le courage de s’élever et de dire non.