Neuf parfaits étrangers
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« Neuf parfaits étrangers » de Liane Moriarty, éditions Albin Michel
Ils sont neufs à s’être inscrits à une cure au Tranquillum House, chacun avec des objectifs différents : maigrir, renouer avec le succès, lâcher-prise, aller mieux, oublier les malheurs… Ils pensent qu’ils vont effectuer une cure traditionnelle, avec yoga, smoothie et méditation, et passer du bon temps. Mais rien ne se passe vraiment comme ils l’avaient imaginé…
Car dès le début, ils découvrent qu’ils vont devoir commencer par se taire pendant cinq jours, lors du noble silence, et ne pas se regarder les uns les autres ou se toucher. Ce qui est très difficile ! Les journées s’enchaînent ensuite sur le même rythme : lever tôt, méditation taï chi, yoga, temps libres, smoothies et repas légers, le tout en silence….
Si cela semble très difficile au début, et que certains trichent, cela fait finalement remonter des émotions en chacun. D’autant plus que Masha, qui dirige le centre, les reçoit pour discuter avec eux, et entamer une thérapie. Car Masha est persuadée qu’elle va pouvoir permettre le changement radical et durable chez chacun, à coups d’innovations et de tests grandeur nature s’il le faut.
D’ailleurs ce qui ressemblait au départ à une retraite classique va progressivement prendre un autre ton au moment où chacun est invité à reprendre la parole, après le silence des jours précédents. Les neufs curistes se retrouvent dans une même pièce, et là tout dérape…
J’ai passé un moment jubilatoire en lisant ce roman, qui présente une galerie de personnages hauts en couleurs, et en même temps profondément humains, tout en égratignant le mythe des cures qui changent la vie des clients.
Frances, femme qui entame la ménopause avec difficulté à la cinquantaine à cause des bouffées de chaleur, romancière sur le déclin, et victime du mirage de l’amour, Ben et Jessica jeunes bobos qui ont vu changer leur vie du jour au lendemain avec l’argent, et qui semblent se perdre, Napoléon, Heather et Chloé qui cachent un douloureux secret et ne vivent plus depuis la mort de leur fils et frère, Carmel qui refuse son corps depuis que son mari l’a quittée, Lars qui vit en couple avec Ray mais refuse d’avoir un enfant avec lui, et Tony, ancienne star du foot australien. Et il y a aussi Yao, ancien secouriste qui seconde Masha, la directrice du centre, qui lui est dévoué corps et âme, et enfin Masha, magnifique femme qui a repris sa vie en main radicalement et est persuadée qu’elle peut changer les autres pour aller mieux, quels que soient les moyens utilisés.
En lisant ce roman, on passe par différentes émotions : le rire, l’incrédulité, la tristesse, la joie, l’empathie, mais aussi l’angoisse quand l’histoire commence à prendre un ton de thriller. J’ai eu l’impression que l’auteur en profitait pour se moquer gentiment des gens qui sont prêts à dépenser une fortune pour faire une retraite dans un endroit perdu, avec sa parodie d’un centre de retraite vipassana où le silence est obligatoire, et se fait se rencontrer soi-même ou devenir fou, surtout si le centre commence à se jouer de ses clients.
Un bon moment de divertissement avec une belle galerie de personnages.
Avec ce roman, je participe au challenge de Dasola sur les épais de l'été 2023 : http://dasola.canalblog.com/archives/2023/06/10/39921971.html