Chère Fubuki Katana
« Chère Fubuki Katana » de Annelise Heurtier, éditions Casterman
Résumé : Emi, jeune lycéenne japonaise, ne va pas trop bien, car sa classe la harcèle. Mais elle n’ose pas s’en plaindre, car cela ne fait qu’empirer les choses au Japon, et vous fait passer pour un faible. Seule lueur d’espoir pour elle, sa rencontre avec Hana dans un bar à chats. Pourra-t-elle oser lui parler et s’ouvrir à elle ?
Mon avis : Les romans d’Annelise Heurtier que j’ai lus sont tous empreints de poésie et de délicatesse, en abordant des sujets difficiles ou lourds, comme l’anorexie dans « Le complexe du papillon », le ségrégationnisme dans « Sweet Sixteen » ou le handicap dans « Envole-moi ». A chaque fois, je ressors de la lecture à la fois vivifiée et apaisée, et me disant que je vais sûrement proposer ce livre aux élèves. Et ce roman-ci ne fait pas exception.
On plonge dans le Japon moderne empreint de nouveautés mais aussi de beaucoup de traditions, certaines étant parfois étouffantes.
Emi vit avec ses parents dans une maison traditionnelle, vivant au rythme des saisons et des différentes fêtes et coutumes que sa mère suit scrupuleusement. Mais depuis quelques mois, Emi ne ne sent pas bien et se rend au lycée avec la boule au ventre, car elle est harcelée et se sent seule. Alors elle a arrêté les clubs, et essaie de se forger une carapace, en se disant que cela passera, qu’elle est forte et qu’elle peut surmonter cela, et elle se réfugie dans son univers manga, imaginant la vie en cases noir et blanc. Mais cette situation est très difficile à vivre pour elle.
Seule joie et seul répit dans la semaine, c’est quand elle se rend dans un bar à chats où elle voit son chat préféré. C’est d’ailleurs à cet endroit qu’elle va rencontrer par hasard Hana, une jeune fille qui a arrêté le lycée, et avec qui elle va commencer à se prendre d’amitié. Grâce à Hana et à son soutien, Emi commence à reprendre goût à la vie, et à redresser la tête.
Mais dans un monde où les apparences comptent beaucoup, Emi va découvrir que tout n’est pas forcément comme on pourrait le penser.
J’ai eu un coup de cœur pour ce roman formidablement bien écrit, qui arrive à mettre en avant le poids des traditions au Japon, permet d’en savoir un peu plus sur les différentes coutumes (visites et prières au temple, temps forts de l’année, les kimonos des geishas, les yakuzas, les préjugés sur certaines catégories de personnes…), met en avant la beauté de l’éphémère, et montre la force et le pouvoir de l’amitié.
Et on découvre seulement dans la dernière partie du roman pourquoi donc le titre s’intitule « Chère Fubuki Katana », et qui est cette personne à qui une entreprise envoie des lettres.
Un roman qui montre que le Japon est un pays aux traditions et mentalités bien différentes de l’Occident, et qui montre la vérité derrières les apparences. Un coup de cœur à lire !
Un extrait :
Quelles que soient les influences, on était toujours libre de penser différemment. Mais où puisait-on la force de le faire ? Qu’est-ce qui faisait qu’on était capable, ou non ?