Un si petit oiseau
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« Un si petit oiseau » de Marie Pavlenko, éditions Flammarion
Résumé : Abi, 20 ans, voit sa vie basculer brutalement le jour où elle perd son bras dans un accident de voiture. Fini son projet de devenir vétérinaire, de mener une vie d’ado normale… Mais un jour, elle reçoit un mystérieux colis avec un livre de Blaise Cendrars, « La main coupée », qui va lui permettre de voir que son expérience horrible a déjà été partagée.
Mon avis : Voici un roman fort et poignant qui mêle drame et espoir.
Le récit commence sous les meilleurs auspices, avec une scène bucolique qui invite à la rêverie et à la douceur de vivre. Puis vient le choc, terrible. L’accident, qui va faire perdre à Abi son bras. Quelques mois plus tard, on retrouve Abi rentrée chez elle, avec ses prothèses, l’une visible, l’autre biomécanique, qu’elle ne supporte pas.
Abi est dévastée, pensant n’avoir aucun avenir, et est devenue la proie de « la bête », qui lui cause des souffrances incroyables dans son bras absent, et qu’elle calme grâce à la morphine et aux médicaments. Abi a arrêté ses études, et ses journées se résument à apprendre à vivre au quotidien avec un bras, essayer de lire, regarder des séries, et s’abrutir de médicaments. Elle est incapable de se concentrer, s’est coupée de ses anciens amis, et déprime beaucoup.
Sa sœur, Millie, l’aime, mais lui en veut, car toute leur vie est bouleversée à cause d’elle et Millie se sent devenue invisible aux yeux de ses parents, et ces derniers, dévastés, essaient de montrer à leur fille un optimisme qu’ils ne portent pas toujours en leur cœur.
Abi va apprendre à vivre de façon autonome, et va devoir apprendre aussi à vivre avec son moignon, son « rognon » comme elle l’appelle, qu’elle ne supporte pas. Sa rencontre avec Aurèle, un ancien camarade de classe du primaire, passionné d’oiseaux, va lui permettre de sortir progressivement de sa prison, tout comme les livres de Blaise Cendrars, qui a été amputé lors de la Première Guerre mondiale, qu’un mystérieux inconnu lui envoie.
Ce roman est tiré de l’expérience difficile de l’auteur, qui a vu sa mère perdre son bras dans un accident de voiture, et a décidé de pouvoir extérioriser son chagrin et sa douleur à travers cette histoire. Le récit montre le long chemin à parcourir pour apprendre à vivre avec la douleur, la sensation d’être incomplet et différent, avec la pitié et la sidération dans le regard des autres.
Abi va devoir se forger une nouvelle vie, bien différente de ce qu’elle envisageait jusque-là. Et une randonnée ornithologique, la reprise de contact avec les autres, vont lui permettre de retrouver espoir.
Un roman bouleversant à lire, qui permet de comprendre ce qu’on peut ressentir quand on est soudain mutilé et handicapé.
Un extrait :
Ici aussi, accepter pourrait aider. Accepter, seul moyen d’avancer.