Ma mère, la honte

« Ma mère, la honte » d’Hubert Ben Kemoun, éditions Flammarion jeunesse
Résumé : Mélanie voit sa mère rentrer de son travail de femme de ménage dans un musée complètement défaite, en pleurs, incapable d’expliquer ce qui est arrivé pour qu’elle soit dans cet état. Elle découvre que sa mère a jeté par erreur une installation artistique à la poubelle. Leur vie bascule alors dans l’enfer…
Mon avis : Comme à chaque fois que je lis un roman d’Hubert Ben Kemoun, j’en ressors en ayant l’impression d’avoir reçu un uppercut en pleine poitrine, et ce titre ne fait pas exception.
Mélanie menait une vie tranquille, avec les études au collège, un amoureux… Et tout vole en éclats le jour où sa mère rentre du travail dans un état impossible, car elle a jeté aux ordures une œuvre d’art contemporaine.
A partir de ce moment-là, tout le monde se déchaîne : l’artiste en colère qui s’insurge contre le directeur du musée, le directeur qui décide de licencier la mère de Mélanie, et qui pourrait la poursuivre pour dommages et intérêts, les journalistes devant la porte, les coups de fil anonymes haineux à la maison, les amis qui se mettent à vous détester, les petits amis à vous quitter, les partis politiques qui cherchent à récupérer l’affaire. Mélanie et sa mère se retrouvent prises dans une spirale infernale dont elles ressortent blessées mortellement et anéanties. La mère de Mélanie va même aller très loin dans la dépression.
Hubert Ben Kemoun sait trouver les mots pour parler de cette descente aux enfers implacable, où chaque étape qu’on pense la dernière et la plus horrible, se retrouve être juste une marche vers cette descente sans fin aux enfers.
Les sentiments de Mélanie et de sa mère sont transcrits avec des mots forts : l’incrédulité, la honte, la peur, l’angoisse, mais aussi la haine de la bêtise des autres, et l’envie de se rebeller face à cet emballement et cette condamnation unanimes.
L’auteur réussit en même temps à faire réfléchir sur le thème de la viralité des réseaux sociaux, de la haine cachée sous l’anonymat, des migrants, des partis politiques qui essayent de récupérer des situations à leur profit, ainsi qu’une réflexion sur l’art et sa transmission.
Heureusement, la fin est porteuse d’espoir, mais cette situation a permis à Mélanie d’ouvrir les yeux sur la société et ses vrais amis, la rendant plus lucide.
Cette œuvre de fiction s’est inspiré d’un fait divers qui a eu lieu en Italie. A partir de là, Hubert Ben Kemoun a inventé ce récit.