Le ciel est la limite
« Le ciel est la limite » d’Anne Lanoë, éditions Fleurus
Résumé : Samuel est dépressif et a décidé de se taire depuis l’accident qui a coûté la vie à sa mère. Aussi, face à son chagrin et à son mutisme, son père et son grand-père décident de l’envoyer à Rio, chez un vieil ami, Helio. Samuel n’a pas le choix. Il retrouve d’autres filles et garçons, qui sont aussi en détresse face aux épreuves de la vie. Arrivera-t-il à vivre en groupe durant deux mois ? Retrouvera-t-il un peu goût à la vie ?
Mon avis : Samuel est un jeune homme touchant, émouvant, mais aussi parfois agaçant. Il est écorché vif depuis la mort de sa mère, il n’arrive pas à faire son deuil, et surtout il est submergé par sa culpabilité. Aussi, pour se punir, mais aussi pour se couper du monde et des autres, il a décidé de faire silence et de ne plus parler.
La situation devenant intenable, il est envoyé à Rio chez un vieil ami de son grand-père, afin de rejoindre un groupe de jeunes que la vie n’a pas non plus épargné. Il va y rencontrer la belle Céu, qui ne lui est pas indifférente, mais son chagrin dresse souvent un rempart entre lui et les autres. Faute de mots pour extérioriser son ressenti, Samuel va souvent jouer des poings, s’enfuir, se taire, être en colère contre les autres et surtout contre lui. Son séjour est censé l’aider à se reconstruire, mais en est-il capable ? Il va devoir surtout faire face à son propre regard. Son séjour sera pour lui l’occasion de replonger dans le passé de sa mère, qui a toute sa vie gardé une mélancolie de son pays quitté sous la contrainte, de renouer progressivement avec son frère par mail. Rien n’est gagné, chaque jour sera difficile, mais Samuel va commencer à travailler sur lui-même et aller à sa propre rencontre.
Arrivera-t-il à extérioriser ce qu’il ressent, à mettre des mots sur son chagrin et sur sa culpabilité par rapport à la mort de sa mère ? Le cheminement sera long, douloureux, difficile, mais le parcours est le plus important.
Un roman fort, qui nous plonge au cœur du mal-être profond d’un adolescent qui s’inflige le silence et la souffrance, sur fond de réflexion sur l’exil, sur l’accueil des autres. Samuel va vivre des moments forts et douloureux qui vont l’obliger à se regarder en face pour tenter de se reconstruire, et surtout se pardonner au lieu de se détruire.
Quelques extraits :
- "Mais ne te ferme pas aux autres. C’est des autres que peut venir le mieux. Ce sont les autres qui nous sauvent de nous-mêmes."
- "Je deviens con. Violent. Toute cette haine vient de mon silence. De cette incapacité que j’ai désormais à exprimer ce que je ressens. Je tourne en rond, je le vois bien. "